Thèse soutenue

Des robots "sociaux" ? : enquête philosophique sur l'altérité des artefacts

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Auteur / Autrice : Julien De Sanctis
Direction : Xavier Guchet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie, Épistémologie, Histoire des Sciences et des Techniques : Connaissance, Organisation et Systèmes Techniques : Unité de recherche COSTECH (EA-2223)
Date : Soutenance le 12/12/2022
Etablissement(s) : Compiègne
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 71, Sciences pour l'ingénieur (Compiègne)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Connaissance Organisation et Systèmes TECHniques / COSTECH

Résumé

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Cette recherche doctorale menée en CIFRE trouve son origine dans l’embarras philosophique que suscite le nom même de son objet de recherche : le robot social. En quoi un robot peutil être qualifié de social ? A première vue, une telle notion semble relever de l’oxymore. Le robot n’incarne-t-il pas originairement la figure de l’esclave artificiel, c’est-à-dire de l’être purement instrumental ? A l’inverse, la socialité n’est-elle pas extérieure à toute définition ou délimitation instrumentale en ceci qu’elle ne sert a priori à rien et a posteriori à tout ? Ne doiton pas considérer le social comme l’horizon, c’est-à-dire comme la condition de possibilité de toute utilité et, plus largement de tout intérêt individuel et collectif ? Parler de robot social laisse également entendre que l’artefact possède le social comme une propriété. Mais qu’estce que cela signifie ? De quelle propriété s’agit-il ? Enfin, le social n’est-il pas aussi un concept moral en ceci qu’il renvoie à nos façons d’être ensemble et, plus spécifiquement, d’être avec l’autre dans le face-à-face ? Le robot serait alors social en tant qu’autre face auquel nous nous tenons. Dans cette hypothèse, la socialité de l’artefact apparaît comme ce qui, phénoménologiquement, nous pousse à l’envisager non pas comme une chose, un « cela », mais comme un « tu » manifestant une altérité. Mais comment un artefact pourrait-il être un autre ? Comment le concept d’altérité, ordinairement réservé aux êtres qui comptent moralement (humains, animaux et, de plus en plus, végétaux et écosystèmes), pourrait-il nous aider à comprendre la socialité des robots ? Faut-il, pour cheminer vers cette compréhension, considérer cette socialité comme une forme de moralité et, si oui, en quel sens ? Autrement dit, un robot social n’est-il pas aussi et nécessairement un robot moral ? C’est la thèse que nous cherchons à défendre en examinant le sens d’être de l’altérité artefactuelle, non pas comme subjectivation du robot social, mais comme effectivité morale interpellant notre responsabilité.