Thèse soutenue

Le dossier d’œuvre et les musées : un dossier pour grammatiser les œuvres

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Auteur / Autrice : Karl Pineau
Direction : Bruno BachimontSerge Bouchardon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'Information et de la Communication : Connaissance, Organisation et Systèmes Techniques : Unité de recherche COSTECH (EA-2223)
Date : Soutenance le 24/03/2022
Etablissement(s) : Compiègne
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences pour l'ingénieur (Compiègne)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Connaissance, organisation et systèmes techniques - Connaissance Organisation et Systèmes TECHniques / COSTECH

Résumé

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Le dossier d'œuvre est un outil documentaire apparu dans les années 1930 au musée du Louvre rassemblant la documentation sur une œuvre spécifique. Malgré l’absence d’obligation, son usage s’est progressivement diffusé dans l’ensemble des musées français entre les années 1980 et 2010. D’un outil de documentation de l’approche critique et historique des œuvres, il est aujourd'hui devenu un outil de documentation de la gestion de l'œuvre dans le musée. Son développement s’est fait en parallèle et dans les mêmes années que celui des Systèmes Intégrés de Gestion des Collections (SIGC). Pour les musées, nous qualifions de SIGC les logiciels permettant de gérer les collections à travers la gestion numérique de l’inventaire, de la régie, des expositions, de la documentation, etc. Ces SIGC perçoivent le web de données, c’est-à-dire un web où un volume important de données à fine granularité est disponible, comme un horizon documentaire. Les fonctions qu’ils offrent viennent ainsi le plus souvent en doublon de celle du dossier d'oeuvre. À partir de ce constat, nous pouvons donc faire l’hypothèse que le dossier ne répond pas aux mêmes fonctions que le SIGC, sans quoi ce dernier l’aurait absorbé ou remplacé. La question posée au cours de cette thèse est donc : que fait le dossier à l'œuvre ? Plus spécifiquement, dans le contexte de la numérisation tant des données culturelles que des pratiques de gestion des musées (à travers les SIGC), qu’induit la numérisation du dossier au plan de l’information sur l'œuvre ? Et au plan industriel de cette thèse CIFRE, comment le SIGC peut-il récupérer les fonctions du dossier ? Les résultats de ce mémoire démontrent que le dossier participe à la grammatisation de l'œuvre d’art, en permettant notamment de la décrire, de la formaliser et de la discrétiser. Par cette grammatisation, le dossier met en place les conditions d’une manipulation analytique de l'œuvre, que nous qualifions de manipulabilité. Nous démontrons alors que la mise en données introduite par les SIGC et le web de données - ayant pour but d’augmenter l’analycité du dossier - ne permet pas d’augmenter la manipulation analytique de l'œuvre. En effet, la mise en données produit la perte de l’unité synthétique de l'œuvre. Elle agit en dispersion, quand le dossier agit en synthèse manipulable et permet une réduction phénoménologique de l'œuvre. Afin d’accompagner le gain analytique de la mise en données par un renfort synthétique, nous proposons une nouvelle forme de grammatisation de l'œuvre, e à travers un cycle de vie des biens culturels, que nous modélisons à travers un système de strate afin d’y restituer les différentes problématiques et histoires de l'œuvre. Ce cycle permet alors d'instrumenter l'organicité de l'œuvre, comme devenir historique entre le jeu de ses composants d'une part et son inscription dans les histoires de ce qui l'englobe d'autre part.