Modélisation des mutations induites par les rétrotransposons dans les cellules humaines par l'édition du génome
Auteur / Autrice : | Vivien Weber |
Direction : | Gaël Cristofari |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Interactions Moléculaires et Cellulaires |
Date : | Soutenance le 25/03/2022 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Nice ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement (Nice) |
établissement de préparation : Université Côte d’Azur (2020-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Véronique Paquis-Flucklinger |
Examinateurs / Examinatrices : Véronique Paquis-Flucklinger, Julia Fuchs Sèbe, Salvatore Spicuglia | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Julia Fuchs Sèbe, Salvatore Spicuglia |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les éléments transposables représentent environ la moitié de notre génome. La seule famille active de manière autonome chez l'Homme est composée des rétrotransposons de type long interspersed element-1 (LINE-1 ou L1). Ces éléments génétiques mobiles se répliquent par un mécanisme de copier-coller, appelé rétrotransposition. La machinerie de rétrotransposition du L1 peut également mobiliser en trans des rétrotransposons non codants, tels que les séquences Alu ou SVA. Par conséquent, l'activité des L1s provoque, directement ou indirectement, des variations structurales du génome, et entraîne parfois des maladies génétiques dans la lignée germinale ou un mosaïcisme somatique dans de nombreux types de cancer. Les rétrotransposons s'insèrent fréquemment dans les introns, ce qui peut influencer l'expression des gènes associés à travers divers mécanismes, tels que l'initiation alternative de la transcription, le saut d'exon, l’exonisation de fragments de L1 ou de séquences adjacentes, les défauts d'élongation de la transcription, la polyadénylation prématurée, voire la transcription antisens. Cependant, pour la plupart des insertions introniques, on ne sait pas si elles ont une influence sur l'expression des gènes et - si oui - par quel mécanisme.Pour étudier les mécanismes moléculaires par lesquels les insertions introniques de L1 ont un impact sur l'expression des gènes, nous avons créé des modèles de cellules en culture comprenant une insertion L1 pathogène historique trouvée dans le gène RP2 et causant la rétinite pigmentaire, une maladie liée à l'X et caractérisée par une perte progressive de la vision. Pour ce faire, nous avons procédé à l'ingénierie génomique, par l'intermédiaire de Cas9, de cellules épithéliales rétiniennes immortalisées provenant d'un donneur masculin. Comme décrit initialement dans les échantillons de patients, la présence de l'élément L1, dans la même orientation que le gène RP2, réduit fortement l'expression de RP2, en accord avec une perte de fonction du gène. En revanche, l'insertion d'une séquence L1 en antisens, ou d’une séquence non apparentée, a peu d'impact sur l'expression de RP2. Dans l'ensemble, ces observations indiquent que la pathogénicité de L1 n'est pas causée par la perte d'un élément agissant en cis sur le site ciblé, mais plutôt par la transplantation ectopique de nouvelles séquences agissant en cis. Les effets différentiels des insertions L1 sens et antisens suggèrent également que ces signaux peuvent agir au niveau de l'ARN. Cette approche ciblée ouvre la voie à la dissection des mécanismes moléculaires conduisant à la pathogenèse médiée par les L1s.En parallèle, nous avons commencé à développer un essai fonctionnel à haut débit pour tester de façon systématique l'influence des insertions de rétrotransposons dans les gènes. Dans cette approche non biaisée, des séquences Alu sont insérées de manière aléatoire in vitro dans une banque de plasmides contenant des gènes de petite taille avec leurs exons et leurs introns sous le contrôle d'un promoteur constitutif fort. Ensuite, le séquençage nanopore en longues lectures de la banque de plasmides permet de faire correspondre les identificateurs moléculaires uniques (UMI) ajoutés dans la région 3' non traduite du gène avec la position de la séquence Alu insérée au hasard. Enfin, la banque de plasmides est transfectée dans des cellules en culture et les niveaux d'UMI sont mesurés par RNA-seq en lecture courte, ce qui reflète le niveau d'expression de chaque variant transcrit. Les premiers développements de cette méthode sont présentés et discutés.En résumé, nous avons conçu des stratégies complémentaires pour étudier les effets des insertions de rétrotransposons introniques sur l'expression des gènes. Sur le long terme, notre travail pourrait aider à discriminer les polymorphismes d'insertion de rétrotransposons trouvés chez les patients ou dans la population humaine, avec un impact potentiel sur la santé et les maladies.