Thèse soutenue

Modélisation moléculaire des récepteurs chimiosensoriels

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Auteur / Autrice : Jody Pacalon
Direction : Sébastien Fiorucci
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie
Date : Soutenance le 18/11/2022
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences fondamentales et appliquées (Nice ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de chimie (Nice)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Mus-Veteau
Examinateurs / Examinatrices : Sébastien Fiorucci, Isabelle Mus-Veteau, Lucie Delemotte, Nicolas Floquet, Wolf Steffen
Rapporteurs / Rapporteuses : Lucie Delemotte, Nicolas Floquet

Résumé

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La lutte perpétuelle des organismes vivants pour maintenir leur homéostasie malgré un environnement en perpétuelle transformation a poussé l'évolution vers une complexité toujours plus grande. Dès le début de l'évolution, les organismes étaient capables d'analyser leur environnement chimique grâce à la chémoperception et de réagir en conséquence par un comportement spécifique. La grande variété de substances chimiques a donné lieu à un éventail tout aussi diversifié de chémorécepteurs pour les détecter. Cette évolution a abouti à la création d'organes sensoriels spécifiques et complexes aussi divers que l'antenne de la drosophile, l'organe voméronasal de la souris, ou les papilles gustatives et l'épithélium olfactif de l'homme.Il existe une organisation générale des systèmes olfactifs que l'on retrouve dans le règne animal, mais l'olfaction des insectes et des mammifères est totalement différente au niveau des récepteurs. Chez les insectes, des canaux ioniques sont responsables de l'initiation de la transduction du signal, alors que des récepteurs métabotropiques couplés aux protéines G jouent ce rôle chez les mammifères. Ce travail vise à comprendre les bases moléculaires de la chémoréception au niveau des récepteurs olfactifs (RO) chez les insectes et les mammifères.L'homme possède environ 400 sous-types de ROs capables de détecter un nombre virtuellement infini d'odorants, et 6 récepteurs associés aux amines traces (TAARs) qui se lient spécifiquement aux amines volatiles. Déchiffrer le code combinatoire des odorants est la première étape pour comprendre l'olfaction et prédire l'odeur d'une molécule à partir de sa structure, mais les données sont rares. Dans un premier temps, pour accélérer le processus de déorphanisation de l'olfaction des mammifères, nous mettons en œuvre des modèles d'apprentissage automatique alimentés par des données in vitro et structurales et découvrons 66 nouvelles paires odorant-récepteur. Aujourd'hui, plus de 50% des ORs humains sont déorphanisés, permettant une compréhension plus fine du code combinatoire. Deuxièmement, nous prédisons l'impact d'une mutation dans le processus d'activation du récepteur humain TAAR5, responsable de la détection de l'odeur de poisson pourri de la triméthylamine. Ceci démontre comment une approche conjointe combinant des simulations de dynamique moléculaire et des essais fonctionnels in vitro peut déchiffrer les relations structure-fonction des ROs. Nous appliquons ensuite un protocole similaire pour obtenir de nouvelles informations sur l'importance des boucles extracellulaires 2 et 3 dans la fonction des ROs. Nous décrivons enfin le chemin de diffusion du ligand depuis le milieu extracellulaire jusqu'au site de liaison du corécepteur olfactif (Orco) des insectes. Ce travail ouvre la voie à la conception rationnelle de répulsifs pour insectes à large spectre.Cette thèse illustre que les approches computationnelles, couplées aux approches expérimentales, sont des outils puissants pour étudier les relations séquence-structure-fonction des récepteurs olfactifs.