Pour une éthique humanimaliste : Concilier la revendication des vies animales et la crise humanitaire des réfugiés
| Auteur / Autrice : | Agustín Flores Maya |
| Direction : | Jean-Luc Gautero |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Philosophie |
| Date : | Soutenance le 15/06/2022 |
| Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en histoire des idées (Nice ; 1983-...) |
| Jury : | Président / Présidente : Christian Rinaudo |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre-Yves Quiviger, Fabienne Brugère |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La présente étude compare les propositions éthiques de deux mouvements sociaux contemporains : la cause animale et la cause des réfugiés en Europe. D'un côté, les militants et les penseurs animalistes prônent l'insertion de l'animal dans la sphère de considération morale en soulignant que le respect des vies animales nous amènera vers l'abolition de toutes sortes de souffrance et d'exploitation, à savoir celle des animaux et celle des hommes. D'un autre côté, le naufrage des bateaux dans la Méditerranée illustre l'indifférence des dirigeants européens et d'une partie de la société civile envers les réfugiés qui, selon l'esprit des traités internationaux, incarnent l'image de la vulnérabilité humaine. L'indifférence envers ces individus, sans oublier la chasse dont ils sont victimes, leur emprisonnement et la privation de leurs droits fondamentaux, aura comme conséquence leur métamorphose en une figure biopolitiquement ambiguë : l'humanimal. Malgré sa physicalité anthropomorphe, sa parole et son visage humain, l'humanimal est un être vivant dont le statut est plus proche de celui des animaux que celui des hommes. Une proximité qui remet en question la nécessité de politiser la cause animale afin de garantir le respect des animaux, puisque l'exclusion de l'humanimal est précisément basée sur des critères politiques. Plus qu'une critique des propos éthiques des animalistes, ce travail souhaite penser la cause animale à l'aide de l'humanimal et arrêter ainsi la machine anthropogénique qui s'est caractérisée, depuis ses origines, par l'inclusion d'une vie dans la sphère de considération morale conjointe à l'expulsion d'une autre vie. Rapprocher l'humanimal de l'animal représente une opportunité pour penser autrement l'être que l'épistémologie occidentale, depuis l'Antiquité, a jugé comme une possession appartenant seulement à l'homme. La conclusion de ce travail vise à exposer quelques éléments permettant la construction d'une nouvelle perspective éthique où les « différences » ne constitueront pas un motif de discrimination, et surtout un moyen de justifier l'oppression des autres. Dans notre terminologie, il s'agit de s'ouvrir aux autres manières de concevoir l'« être » pour construire une éthique humanimaliste, c'est-à-dire une éthique transcendant toutes les frontières géopolitiques et biopolitiques.