Thèse soutenue

Hommes et aires protégées au Gabon, entre protection procurale de la biodiversité et préservation des intérêts locaux dans le parc national de Moukalaba-Doudou : Le discours des habitants, des techniciens de l'environnement et des élus

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Auteur / Autrice : Sosthène Ibouanga
Direction : Joël CandauPhilippe Hameau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 21/06/2022
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Anthropologie et de Psychologie Cognitives et Sociales-EA 7278 (Nice ; 2012-2016)
Jury : Président / Présidente : Marc Galochet
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Galochet, Bernardin Minko Mve

Résumé

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La protection de l'environnement est une problématique qui divise et mobilise plusieurs acteurs parmi lesquels les techniciens de l'environnement, les élus et les habitants. Sur la base des discours et des actions de ces acteurs, cette étude entend analyser la politique de la gestion de la nature au Gabon via le parc national de Moukalaba-Doudou. Comme telle, à travers les pratiques culturelles, la thèse se propose de réexaminer le rapport des populations locales à la nature dans un contexte écologique contemporain. Ce contexte est dominé par la confrontation des conceptions endogènes et exogènes de la nature. Nous interrogeons donc, via la « gestion procurale », la responsabilité de l’État quant à la gestion de la nature et les parcs nationaux au Gabon. D'autre part, nous examinons les avantages et les inconvénients du discours « piendupialiste » des différents acteurs (l'Etat, ANPN, techniciens de l'environnement, élus et habitants) sur la protection de la nature au Gabon. Le but de cette thèse est de montrer que l'entrée du Gabon dans la « modernité » sous le contexte colonial est à l'origine de la dégradation de la biodiversité dans le parc de Moukalaba-Doudou. Cette dégradation est liée à l'évolution des pratiques culturelles des populations basées sur l'usage de la nature à travers, l'introduction de nouvelles technologies (fusil de chasse, munitions, filet de pêche, congélateur, tronçonneuse) et l'adoption des nouvelles religions (christianisme et l'islam). L'autre perspective de ce travail est de montrer que la « gestion procurale » (les investissements financiers et matériels des bailleurs de fonds et ONG internationales sont plus élevés que ceux de l’État) ne favorise pas vraiment une protection durable de la biodiversité et n'assure pas un développement socioéconomique et culturel cohérent pour les populations locales. Enfin, la thèse présente la divergence des représentations et des intérêts des populations et des techniciens de l'environnement quant à la nature et ses usages. Le déficit de compréhension des enjeux écologiques contemporains est au fondement des conflits (conflits Homme-Faune, braconnage, pêche illégale, etc.) et rendent difficile la gestion du parc national de Moukalaba-Doudou. Il importe donc de mutualiser les intérêts des différents acteurs pour amoindrir considérablement l'impact de l'action des populations sur la nature. Il importe aussi, de réduire l'influence notable des ONG internationales et des bailleurs de fonds sur la gestion des parcs nationaux au Gabon. Il semble important de favoriser l'intégration des connaissances endogènes et la prise en compte réelle des intérêts des populations locales pour une sauvegarde réussie de la biodiversité.