Thèse soutenue

Michelstaedter et le Vingtième siècle : Les cas de Montale, Gozzano, Pavese et Menon

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Auteur / Autrice : Diego Terzano
Direction : Antonello PerliVinicio Pacca
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue, litterature et civilisation italiennes
Date : Soutenance le 09/06/2022
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur en cotutelle avec Università degli studi (Pise, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Récits Cultures et Sociétés. UPR 3159 (Nice ; 2012-....)
Jury : Président / Présidente : Andrea Aveto
Examinateurs / Examinatrices : Niccolò Scaffai
Rapporteur / Rapporteuse : Andrea Aveto, Enzo Neppi

Résumé

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Cette thèse de doctorat est consacrée à l'œuvre de Carlo Michelstaedter et, en particulier, à l'étude de son influence dans le Vingtième siècle italien : les chapitres monographiques qui composent cette investigation visent à évaluer la possibilité de son héritage dans l'œuvre de Montale - le plus important interprète littéraire de Michelstaedter - et dans celles de Gozzano, Pavese et Menon. Au cours des études, nous avons considéré ces auteurs comme des interprètes de la pensée du Vingtième siècle en tant que liée à la leçon de Michelstaedter, voire comme des continuateurs d'une expérience intellectuelle très importante mais précocement interrompue : à un niveau général, la recherche entend faire réagir la fonction de Michelstaedter - un complexe de motifs littéraires et spéculatifs, se référant à son œuvre et à sa figure d'auteur - avec le Vingtième siècle italien. Montale, Gozzano, Pavese et Menon ont été choisis pour identifier de multiples liaisons entre leur activité esthétique et la fonction de Michelstaedter, dont l'œuvre n'a pas obtenu une place stable dans le canon du Vingtième siècle. Fondamentalement, Michelstaedter est étudié en tant qu'il pouvait faire partie des canons des quatre auteurs étudiés, mais non pas d'un canon unique : il appartient donc à quatre anti-canons identifiés par opposition à une idée de canon générale. L'œuvre d'Eugenio Montale (1896-1981) est l'exemple le plus grand de l'influence de Michelstaedter sur un auteur italien : car elle représente toutes les déclinaisons possibles de la fonction michelstaedterienne au Vingtième siècle, la position initiale du chapitre est justifiée. La longue durée de la poésie montalienne, par rapport à Michelstaedter, est décrite des premières aux dernières Poesie disperse, des Ossi di seppia (1925) aux Altri versi (1981). Parmi les problèmes et les images abordés dans le chapitre, nous soulignons le flatus vocis, la chrysalide, le Christ, la persuasion et le temps. Le deuxième chapitre porte sur l'idée de la chrysalide de Guido Gozzano (1883-1916), liée au problème de la coextension des concepts opposés de vie et de mort et à celui de l'authenticité existentielle dans les Epistole entomologiche, notamment, dans Le farfalle (1914). L'étude du thème littéraire de la nymphe, ainsi que des implications philologiques et intertextuelles du poème de Gozzano, met en évidence l'influence potentielle de Il canto delle crisalidi de Michelstaedter (publié en 1912). L'œuvre de Cesare Pavese (1908-1950), étudié au cours du troisième chapitre, porte sur une générale tension au transcendant, équivalente à celle que Montale a pu trouver chez Michelstaedter et liée à la figure du Christ ainsi qu'à des problématiques comme l'attachement et le sacrifice/charité/don. Le thème du silence, en tant qu'empreinte de l'influence de Michelstaedter, est interprété comme une réaction de l'intellectuel en proie au vice qui aspire à l'authenticité. Au niveau littéraire, ces tourments existentiels peuvent être associés au problème de la décadence morale des expressions linguistiques (Pavese parle de « rhétorique ») et à l'impossibilité de réaliser une authenticité relationnelle. L'horizon de la mort, lié à celui du vice, ainsi que la thématisation du suicide en tant que défense par rapport à la souffrance existentielle, pourraient également être affectés par l'influence de Michelstaedter. L'œuvre de Gian Giacomo Menon (1910-2000) se fragmente au regard de la dichotomie entre authenticité et inauthenticité et opère un scepticisme métalinguistique : cette structure spéculative est liée à la fonction de Michelstaedter. L'inspiration métalinguistique de Menon implique une réduction expressive à un grand silence : ancré à des images géologiques, ce silence ressemble à un abandon de la recherche de l'authentique et est lié la problématisation du temps chronologique. Ce chapitre identifie Menon comme l'un des interprètes les plus originaux de l'héritage de Michelstaedter au Vingtième siècle.