Thèse soutenue

Films liquides tombants cisaillement par un écoulement turbulent de gaz à contre-courant confiné : stabilité, modélisation et expériences

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Auteur / Autrice : Misa Ishimura
Direction : Christian Ruyer-QuilGeorg Dietze
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Energétique et Génie des Procédés
Date : Soutenance le 24/11/2022
Etablissement(s) : Chambéry
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale cultures, sociétés, territoires (Chambéry ; 2021-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire procédés énergie bâtiment (Le-Bourget-du-Lac, Savoie, France ; 2002-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Cathy Castelain, Gianluca Lavalle, Séverine Millet, Sophie Mergui
Rapporteurs / Rapporteuses : Ranga Narayanan, Pierre-Yves Lagrée

Mots clés

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Résumé

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À l'interface liquide-gaz d'un film liquide tombant sous l'effet de la gravité, des ondes de surface de grande amplitude se développent dû à l'instabilité ondes longues de Kapitza. Dans de nombreuses applications, un film liquide tombant est mis en contact avec un contre-écoulement de gaz turbulent dans des géométries fortement confinées. Les ondes de surfaces favorisent le transfert de masse entre phases mais elles peuvent aussi être à l'origine d'événements néfastes au procédé (obstruction du canal, vagues se déplaçant vers le haut, arrêt du liquide). Afin d'identifier les conditions optimales conciliant ces deux effets antagonistes, il est important d'étudier la réponse hydrodynamique linéaire et non-linéaire d'un film liquide ondulé soumis à un contre-écoulement de gaz fortement confiné.Nous avons étudié ce problème à partir d'une configuration de référence: un film liquide tombant dans un canal faiblement incliné de hauteur 10 mm et cisaillé par un contre-écoulement de gaz turbulent. Nous avons réalisé des expériences à l'aide d'un montage permettant de visualiser et mesurer l'évolution spatio-temporelle des ondes de surface soumises à un contre-écoulement de gaz de plus en plus intense. Nous avons développé un modèle ondes longues basé sur une approche intégrale de couche limite WRIBL (weighted residual integral boundary layer) et une description de la turbulence dans le gaz en moyenne de Reynolds. Nous avons également réalisé des calculs de stabilité linéaire permettant d'identifier les différents modes d'instabilité ondes longues et courtes, ainsi que la transition convectif/absolu de l'instabilité de Kapitza.Le modèle, validé à partir de nos expériences, prédit avec précision l'effet du contre-écoulement de gaz sur la fréquence et le taux de croissance des ondes linéaires les plus amplifiées, ainsi que l'apparition de l'instabilité absolue (IA) lorsque le débit de gaz augmente. Il capture également avec précision l'effet du gaz sur la hauteur et la forme des ondes non linéaires.En s'appuyant sur les différentes approches, nous avons mis en évidence plusieurs phénomènes physiques. Tout d'abord, en fonction de l'angle d'inclinaison, le contre-écoulement de gaz peut rendre le film inconditionnellement stable ou instable, ou alors sujet à des îlots de stabilité liés à la transition laminaire/turbulent dans le gaz.Deuxièmement, l'écoulement de gaz perturbe la cohérence spatio-temporelle des trains d'ondes non linéaires en favorisant le phénomène de coalescence et l'émergence de vagues tsunami (TW) de très grande amplitude qui peuvent potentiellement engorger le canal. Cette dynamique est beaucoup plus rapide et intense que la dynamique de coalescence observée dans le cas d'un gaz au repos.Troisièmement, nous montrons qu'au-delà du seuil absolu de l'instabilité de Kapitza, la croissance temporelle associée à l'IA peut conduire à une sélection d'ondes linéaires près de l'entrée du liquide qui, une fois entrées dans le régime faiblement non linéaire, se propagent vers l'aval sous la forme d'un train régulier d'ondes solitaires d'amplitude limitée, évitant ainsi les TW dangereuses. Ce train d'ondes peut être perturbé par l'application d'un forçage monochromatique à l'entrée. Des TW se forment alors à nouveau par coalescence et interagissent avec des ondulations quasi-stationnaires émergeant de l'IA sur le film mince résiduel.Quatrièmement, un nouveau mode d'instabilité interfaciale ondes courtes induit par la turbulence et associé à une vitesse d'onde négative a été détecté, qui se produit au-delà du seuil de l'IA ondes longues mais bien en dessous du seuil de l'instabilité de Tollmien-Schlichting. Ce résultat permet d'expliquer l'apparition d'ondes remontant vers l'amont détectées dans nos expériences, dont la vitesse et la longueur d'onde sont bien prédites par nos calculs de stabilité linéaire. Nous constatons également que les modes d'instabilité ondes courtes et longues fusionnent lorsque le débit de gaz augmente.