Thèse soutenue

Lien entre expériences stressantes et santé mentale chez les jeunes d’aujourd’hui

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Auteur / Autrice : Mathieu Revranche
Direction : Mathilde Husky
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 25/11/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Catherine Bungener
Examinateurs / Examinatrices : Cyrille Delpierre, Sébastien Guillaume
Rapporteurs / Rapporteuses : Lucia Romo

Résumé

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Si l'association entre les expériences adverses durant l'enfance et l'apparition de problèmes de santé mentale est robuste dans la littérature scientifique, on sait peu de choses sur leur contribution à la persistance d’indicateurs ne reflétant pas un diagnostic de trouble mental comme les comportements suicidaires et la gêne fonctionnelle. En outre, tandis que les expériences stressantes précoces font typiquement référence aux expériences adverses dans un contexte familial, il est nécessaire d'étudier d’autres stresseurs centraux dans la vie quotidienne des jeunes, comme le harcèlement, et le cyber-harcèlement pour lequel l'utilisation des réseaux sociaux est indissociable mais encore méconnue. La présente thèse vise donc à examiner l'association entre les expériences adverses durant l'enfance et la persistance de la gêne fonctionnelle (étude 1) et des comportements suicidaires (étude 2) au début de l'âge adulte en étudiant conjointement la fréquence cumulée d’exposition aux adversités et leur opérationnalisation typique (types et nombre de types) ; à déterminer si le cyber-harcèlement survenue avant l'âge de 18 ans contribue au risque d'être harcelé à l'entrée à l’université (étude 3) ; à déterminer comment est mesurée l'utilisation des réseaux sociaux dans la littérature (étude 4) ; et si cette utilisation est associée à une image corporelle négative chez les adolescents (étude 5). Les données utilisées pour les études 1 à 3 sont issues d'une enquête en ligne conçue pour caractériser les besoins en santé mentale des étudiants de première année et menée dans deux universités, dans le cadre de la portion française du World Mental Health International College Student survey. De l’année 2017-2018 à 2020-2021, tous les étudiants entrants ont reçu un e-mail les invitant à participer à l'enquête de base. L'enquête comprenait des questions sur les caractéristiques sociodémographiques, la santé mentale, l'exposition aux adversités durant l'enfance (i.e. psychopathologie parentale, abus physique, abus sexuel, abus émotionnel, négligence) et le harcèlement par les pairs. Les participants ayant répondu à l'enquête de base ont été invités à participer à l'enquête de suivi 12 mois plus tard. Deux revues systématiques de la littérature ont été entreprises pour explorer les objectifs liés aux réseaux sociaux (études 4 et 5). Dans l’étude 1, lorsque le type d’adversités, le nombre de types et la fréquence cumulée d’exposition étaient entrés simultanément dans les modèles multivariés en ajustant pour les troubles mentaux dans les 12 derniers mois, seule la fréquence était associée à la persistance de la gêne fonctionnelle. En revanche, dans l’étude 2, aucune de ces trois opérationnalisations n'était associée à la persistance des comportements suicidaires. Dans l’étude 3, en contrôlant pour les troubles mentaux dans les 12 derniers mois et les autres expériences adverses, le cyber-harcèlement avant 18 ans (rapporté par 23.5% de l’échantillon) était associé à un risque accru de harcèlement à un an de suivi. Les études 4 et 5 ont révélé que la plupart des études mesuraient l'utilisation globale des réseaux sociaux sans préciser les sites utilisés ni les activités qui sous-tendent cette utilisation. L’étude 5 rapporte une association robuste entre l'utilisation des réseaux sociaux et l’image corporelle négative dans laquelle les problèmes de santé mentale pourraient être impliqués. Les résultats de ces cinq études soutiennent la nécessité d'accroître les efforts actuels de prévention des stresseurs précoces, depuis leur première occurrence jusqu'à la persistance d'éventuelles conséquences négatives liées à la santé mentale. Des études supplémentaires avec des méthodologies robustes sont néanmoins nécessaires pour mieux caractériser le contexte d’apparition de stresseurs tels que le cyber-harcèlement, phénomène particulièrement actuel dont la prévention nécessite une attention scientifique accrue.