Thèse soutenue

« Bigger, Stronger, Sicker » approche psychopathologique de la dysmorphie musculaire en recherche et en clinique

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Auteur / Autrice : Jérôme Cuadrado
Direction : Grégory Michel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 25/10/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de sciences criminelles et de la justice (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Henri Chabrol
Examinateurs / Examinatrices : Lucia Romo, Catherine Bégin
Rapporteurs / Rapporteuses : Henri Chabrol, Lucia Romo

Résumé

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Ces trente dernières années, la recherche sur la dysmorphie musculaire s’est montrée extrêmement abondante. Malgré cette opulence de littérature à son sujet, les données prolixes accumulées ont pu contribuer à alimenter de nombreuses controverses sur la dysmorphie musculaire et notamment concernant sa classification. Se positionnant comme un pivot nosographique, la dysmorphie musculaire (DM) partage des déterminants communs avec les troubles des conduites alimentaires (TCA) ainsi que les dysmorphophobies corporelles (BDD). Ces affiliations multiples ont pu susciter un débat de fond taxonomique récurrent dans les études traitant de ce sujet. Thématique aussi peu connue du grand public que des professionnels du soin et du domaine du sport, la DM se caractérise par une souffrance clinique significative importante, du fait de ne pas se sentir assez musclé et dessiné. Cette souffrance provoque une altération du fonctionnement quotidien qui impacte la qualité de vie, à travers de nombreux troubles internalisés et externalisés. Ainsi, nos recherches sur la DM constituent un enjeu de santé publique en France pouvant se distinguer en trois revues de la littérature: i) une description sémiologique de la dysmorphie musculaire ; ii) une investigation et une clarification des différents « drive for » associés à la dysmorphie musculaire ; iii) un inventaire des outils utilisés pour évaluer la dysmorphie musculaire et sa symptomatologie. Ainsi que 6 études : iv) la traduction et la validation d’un outil évaluant la dysmorphie musculaire ; v) l’étude des pratiques problématiques de l’activité physique dans la dysmorphie musculaire ; vi) l’étude de nouveaux body-checking « Muscle-pics » associés à la présence de la symptomatologie de la dysmorphie musculaire ; vii) l’étude des pratiques des « Food-pics » et des « Action-Pics » comme comportements de vérifications dans les troubles des conduites alimentaires et de l’image du corps ; viii) la conceptualisation d’un modèle intégratif des déterminants de la dysmorphie musculaire, et enfin ix) le développement d’un protocole de dépistage de la dysmorphie musculaire en clinique du sujet sportif. Nous avons choisi d’étudier la DM dans une première étude régionale avec une population d’étudiants français pratiquant la musculation à l’Université de Bordeaux (n=342) à l’aide d’un questionnaire socio-démographique et d’auto-questionnaires tels que le MDDI, le EDSRQ, le TAS-20, le GHQ-12, le EDS-21. Dans une seconde étude nationale, nous avons choisi d’étudier la dysmorphie musculaire au sein d’une population de sportifs consultant les réseaux sociaux « fitspiration » avec un recrutement en ligne plus conséquent (n=1822) à l’aide d’un questionnaire socio-démographique et d’auto-questionnaires tels que le MDDI, le EAT-26, le EDS-21, le SPAS-12, le TAS-20 ainsi que la HAD-HAS. A travers nos études, il en est ressorti des éléments permettant d’apporter une vision novatrice à certaines problématiques rencontrées dans le champ de recherche de la DM. En effet, nous avons pu mettre en avant des éléments encore non abordés dans la littérature internationale, qui viennent participer aux controverses nosographiques de la DM, telle la pluralité de « drive for » retrouvés, ou encore le manque de consensus concernant les outils développés pour évaluer la symptomatologie de la dysmorphie musculaire. La traduction et la validation d’un outil, le MDDI-FR (Muscle Dysmorphic Disorder Inventory), fut un prérequis nécessaire à nos études, qui permit de montrer l’adéquation de l’outil pour évaluer la symptomatologie de la dysmorphie musculaire ainsi que la solidité psychométrique qui le caractérise pour remplir à bien cette mission d’évaluation en 13 items et 3 dimensions avec une échelle de Likert en 5 points (...).