Thèse soutenue

Faire « carrière » dans le punk ? : une étude de la scène punk DIY en France

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Auteur / Autrice : Manuel Roux
Direction : Luc RobèneSolveig Serre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 24/06/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Cultures et Diffusion des Savoirs (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Alain Vulbeau
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Sarrazy, Timothy Heron
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Vulbeau, Marc Perrenoud

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Faire carrière dans le punk a-t-il un sens aujourd’hui – pour autant que cette idée ait pu en avoir un au cours du demi-siècle écoulé ? Pourquoi le rapport au travail artistique est-il devenu clivant en matière d’authenticité punk au point de contraindre les acteurs de la scène DIY à ne se définir que par opposition aux catégories artistiques et professionnelles, à n’occuper constamment que des positions d’artistes non/ artistes et de travailleurs artistiques/non travailleurs, de tenir à distance l’émotion musicale même, sous peine de perdre l’accréditation punk de la scène DIY ? La question se redouble d’une seconde strate de complexité dans la mesure où l’identité punk elle-même n’est que faiblement endossée par les acteurs, comme si les punks ne pouvaient être punk qu’à la condition de ne pas le dire, de ne pas le désirer, ou plutôt de ne pas le revendiquer. En contrepoint de cette posture, le régime de radicalité qui organise le logiciel punk de la scène DIY valorise l’intelligence punk. Celle du métier appris sur le tas, des compétences Do it yourself (« Fais-le toi-même), de la capacité à développer des réseaux auto-suffisants, de la possibilité de faire seul ou ensemble mais pas forcément contre. Ce qui ne laisse pas de surprendre : le punk DIY peut à la fois revendiquer une forme de rigidité identitaire et se couler lorsqu’il le faut dans les méandres du système pour peu que le système à son tour détourné devienne une ressource propice à garantir l’indépendance de la scène et, surtout, que la possibilité reste offerte de négocier dans cet entre-deux une construction identitaire dans laquelle les acteurs doivent fournir les preuves réitérées de leur attachement à la scène, de leur pureté ou de la pureté de leurs actes. C’est le décryptage de cette scène complexe que cette thèse de doctorat entreprend en considérant que la scène punk DIY est à la fois une scène punk à part entière et une scène punk entièrement à part. La scène DIY représente la continuation du punk historique, dont elle ne constitue qu’une étape singulière, dans une généalogie accidentée ; une scène particulière nourrie de ses propres paradoxes qui peuvent aller jusqu’à contester la légitimité des autres formes de punk passées ou concurrentes. Mais elle est une scène totalement à part, singulière, dans les rapports très fins, très riches et complexes qu’elle entretient avec les identités punk, les carrières punk et les façons d’exister en tant que punk dans un monde au coeur duquel les possibilités de la musique (numérique, réseaux économiques, formations, écoles de rock, soutiens familiaux et intergénérationnels) se sont démultipliées, obligeant les acteurs à faire des choix décisifs qui engagent leur vie de punk, sous l’oeil et le contrôle de la communauté DIY.