Thèse soutenue

Aménagements pédagogiques pour les étudiants en situation de handicap dans une université française : des discours, des pratiques, des situations : une contribution pour une pédagogie inclusive à l’université

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Auteur / Autrice : Jean-Yves Anjard
Direction : Christophe Roine
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 28/03/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Cultures et Diffusion des Savoirs (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Geneviève Lameul
Examinateurs / Examinatrices : Éric Dugas, Marthe-Aline Jutand
Rapporteurs / Rapporteuses : Séverine Parayre, Jean Horvais

Résumé

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Depuis la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, les étudiants en situation de handicap (ESH) sont plus nombreux. L’université a élaboré un dispositif avec des locaux, des discours, des professionnels et des « aménagements institutionnels » accessibles via un service dédié. Mais, ces aides sont décontextualisées et génériques. Elles s’appuient avant tout sur des catégories médicales du handicap qui n’ont pourtant rien de pédagogique. En parallèle, l’université tend aussi à développer des pratiques visant à promouvoir l’accessibilité aux enseignements. C’est d’ailleurs là un des piliers de l’inclusion. Il s’agit d’améliorer les conditions de la réussite des étudiants à l’université, qui est un des objets de recherches de la pédagogie universitaire. Toutefois, ses travaux portent avant tout sur des solutions prêtes à l’emploi. L’université est confrontée à un paradoxe : elle s’adresse à des masses d’étudiants et doit aussi s’intéresser à des étudiants avec des besoins éducatifs particuliers. Notre thèse propose une réflexion sur les pratiques pédagogiques des enseignants qui interviennent auprès d’ESH dans des situations d’enseignement et d’évaluation. Elle s’intéresse aussi aux manières d’étudier des ESH, à leurs spécificités dans leurs manières de se saisir des milieux d’études proposés par les enseignants davantage qu’à la catégorie médicale de classification du handicap à laquelle ils sont assignés. A cet effet, après avoir effectué des entretiens exploratoires avec 8 acteurs institutionnels, nous avons recueilli les discours de 38 ESH et de 40 enseignants issus de tous les campus d’une université française au sujet de leurs expériences respectives par rapport aux aides proposées à l’université. Nous avons aussi effectué des observations ethnographiques auprès de deux ESH dans quelques TD. Ces données font apparaître d’autres types d’expériences plus informelles et au coeur des situations d’enseignement et d’évaluation. Il s’agit d’« aménagements situationnels », qui sont mis en oeuvre dans le cadre d’une négociation entre un enseignant qui va les qualifier de « bricolages pédagogiques » et un ESH. A ces aides très locales s’ajoutent des mesures d’accessibilité aux locaux et aux savoirs, dont certaines peuvent être organisées par des enseignants dans le cadre d’une diversification pédagogique et des « aménagements semi-institutionnels », qui sont des dispositifs de proximité. Leur objectif est de répondre aux besoins de proximité de ces étudiants dans leurs études mais aussi à un niveau extra-universitaire, pour des soins, par exemple. Leur situation de handicap nécessite aussi d’être appréhendée dans les situations d’évaluations et dans les situations d’étude et de travail personnel. Notre thèse s’est donc appuyée sur les situations, qui contribuent à rendre l’université inclusive car les ESH interagissent avec les milieux d’étude proposés par les enseignants et de nouveaux aménagements peuvent alors apparaître. L’hypothèse des spécificités au coeur de notre thèse confirme qu’elle a toute sa place dans la redéfinition de l’accessibilité des ESH aux études supérieures car elle est au coeur des situations. Deux axes de réflexion s’avèrent importants : la visibilité et le temps. Le premier s’appuie sur le discours des enseignants, qui évoquent un manque de culture sur le handicap et leur expérience d’un phénomène peu visible. Le second s’appuie sur les nombreux usages du temps tant chez les ESH que chez les enseignants. C’est pourquoi le milieu est central, puisqu’il peut à la fois générer des situations de handicap et permettre des aménagements dans le cadre d’une pédagogie inclusive.