Thèse soutenue

« Qui suis-je 2.0 ? » : Une étude longitudinale des usages numériques, de la construction identitaire et de l'ajustement psychologique d'adolescents et de jeunes adultes français

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Auteur / Autrice : Matthieu Danias-Uraga
Direction : Roely-Ida Lyda Lannegrand-Willems
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 29/03/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Véronique Rouyer
Examinateurs / Examinatrices : Roely-Ida Lyda Lannegrand-Willems, Véronique Rouyer, Pascal Mallet, Claire Safont-Mottay
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Mallet, Claire Safont-Mottay

Résumé

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De nos jours, les configurations socio-technologiques modernes conduisent les communautés scientifiques, médicales et éducatives à de nombreux débats concernant les usages numériques des jeunes. Les périodes d’adolescence et d’émergence de l’âge adulte correspondent toutes deux à une phase d’exploration identitaire, qui consiste à tester des rôles dans différents contextes et à les intégrer dans une identité personnelle cohérente. Des recherches traitant du bien-être des jeunes au travers de leurs usages numériques suggèrent qu’une utilisation forte peut mener les jeunes à des issues défavorables sur le plan socio-émotionnel tandis que d’autres indiquent que ces espaces peuvent permettre de développer des compétences psychosociales, de se sentir soutenus émotionnellement. Ce travail de recherche vise à proposer un cadre conceptuel et méthodologique qui permet d’étudier les relations entre les expériences en ligne des jeunes et leur développement psychosocial au travers de la construction de leur identité et de leur niveau d’ajustement psychologique, tout en prenant en compte les caractéristiques spécifiques des jeunes (ie., période d’âge et sexe). Notre population se compose d’adolescents scolarisés en lycée et de jeunes adultes étudiants de l’enseignement supérieur. Ce travail de recherche comportait 3 temps de mesure : un premier temps en Décembre 2018 (N=1970), un second temps en Mars 2019 (N=970), et un troisième temps en Mai/Juin 2019 (N=819). Les participants ont répondu à un ensemble de questionnaires évaluant les usages numériques, les processus de la construction identitaire et les indices d’ajustement psychologique. Les données ont été traitées selon une double approche, à la fois centrée sur les personnes et centrée sur les variables. En complément, des entretiens semi-directifs ont été réalisés quatre mois après le recueil de données quantitatives. Nos résultats soulignent une grande diversité chez les jeunes et ont permis d’identifier des profils contrastés : 6 profils d’usages numériques et 7 statuts identitaires. Des analyses en tri-croisés indiquent des liens cohérents et stables entre les profils d’usages numériques et les statuts identitaires. Concernant l’ajustement psychologique, nos résultats indiquent que les profils d’usages numériques caractérisés par une présentation de soi authentique en ligne, et les statuts identitaires caractérisés par des engagements forts, présentent les meilleurs niveaux d’ajustement psychologique. A l’inverse, les profils d’usages numériques caractérisés par une présentation de soi en ligne falsifiée, et les statuts identitaires associés à de faibles engagements s’accompagnent des niveaux d’ajustement psychologique les plus faibles. L’étude des liens croisés-décalés entre le processus identitaire mal-adaptatif d’exploration ruminative et les variables d’usages numériques, en considérant les variabilités intra et inter-individuelles au fil du temps (ie., RI-CLPM), révèle de nombreuses associations spécifiques selon la période d’âge et le sexe des jeunes. Les entretiens semi-directifs ont permis de préciser le vécu psychologique d’une adolescente et d’une jeune adulte, et soulignent quelques différences d’usages liées à leurs motivations et à leurs niveaux de développement. Ces résultats permettent de compléter la littérature et de développer un nouveau regard sur les usages numériques des jeunes français. Des usages numériques semblent être problématiques pour le développement psychosocial de certains jeunes, tandis que pour d’autres, ils peuvent être plus favorables en termes de construction de l’identité et d’ajustement psychologique. Cette étude souligne l’importance de caractériser les usages numériques en prenant en compte la période d’âge et le sexe des jeunes de façon à apprécier leur incidence sur le développement psychosocial. Enfin, cette étude conduit à dégager des perspectives de recherche et des recommandations appliquées en matière d’éducation et de santé.