Thèse soutenue

La condition clandestine : une ethnographie des travailleurs migrants à Mayotte

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Auteur / Autrice : Damien Riccio
Direction : Antoine RogerBenoît de L'Estoile
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 21/03/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Ronan Hervouet
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Roger, Benoît de L'Estoile, Ronan Hervouet, Johanna Siméant-Germanos, Michael Joshua Lambek, Antoine Hochet, Stéphanie Guyon
Rapporteurs / Rapporteuses : Johanna Siméant-Germanos, Michael Joshua Lambek

Résumé

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Ce travail de recherche ethnographique porte sur l’emploi, à Mayotte, de la main d’oeuvre migrante en provenance des îles voisines des Comores. Cette main d’oeuvre est localement qualifiée de « clandestine ». Pourtant, elle répond à un ensemble de besoins particuliers dans un contexte de déploiement rapide de dispositifs de politique publique, conséquences de la départementalisation de Mayotte. Si les travaux en matière de migration de travail se sont ordinairement intéressés aux raisons de l’exil et à ses effets sur les logiques migratoires, ou inversement aux relations entre les conditions accordées aux populations migrantes dans la société d’accueil et les processus d’acculturation et d’assimilation, l’objet de ce travail invite à une perspective différente. En effet, il ne s’agit pas seulement de se placer du point de vue des migrants, mais de rendre compte de l’ensemble des processus sociaux et historiques qui configurent la place de cette main-d’oeuvre dans la société mahoraise. La place et le traitement accordés à cette catégorie de population seront analysés au prisme des transformations structurelles qui traversent la société mahoraise depuis la départementalisation de ce territoire en 2011. En effet, le déploiement rapide des politiques publiques qui accompagnent cette transformation statutaire tendent à redéfinir les logiques de distribution des ressources parmi les populations locales. Traditionnellement, la société mahoraise, au même titre que les sociétés comoriennes, s’est construite sur un modèle stratifié, impliquant donc des accès inégaux aux ressources pour les membres qui composent cette société, en fonction de la position sociale de chacun. Or, les effets de normalisation qui accompagnent la départementalisation tendent à imposer une logique différente en termes de distribution des ressources : le modèle traditionnel de la stratification tend à être remplacé – au moins théoriquement – par un modèle « égalitaire » ne limitant pas l’accès aux ressources à la position sociale des acteurs. Ce travail de recherche propose d’analyser les effets de cette contradiction apparente sur la main d’oeuvre migrante. Partant du postulat que l’entretien et le renouvellement de la force de travail sont des éléments indispensables au fonctionnement et au maintien de toute économie, quelles sont les évolutions et les adaptations mises en oeuvre par la main d’oeuvre migrante face aux transformations imposées par la départementalisation ?