Thèse soutenue

L'eau dans les paysages urbains et péri-urbains à l'Ouest de Hanoï (Vietnam) : Etats des lieux et enjeux pour des projets d'aménagement durable

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Auteur / Autrice : Tien Tam Nguyen
Direction : Bernard DavasseThai Huyen Nguyen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture et paysage
Date : Soutenance le 02/12/2022
Etablissement(s) : Bordeaux 3 en cotutelle avec Université d'architecture de Hanoï
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages (Pessac, Gironde ; Pau ; Talence, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Pierre Fernandez
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Davasse, Thai Huyen Nguyen, Laurence Le Du-Blayo, Bruno-Marcel Proth
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Le Du-Blayo, Bruno-Marcel Proth

Résumé

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VI

Cette thèse porte sur la place de l’eau dans les paysages urbains et péri-urbains de laville de Hanoï. Elle s’est plus particulièrement intéressée aux enjeux qui résultent de ladisparition des surfaces en eau libre et de la modification des réseaux hydrauliques sousl’effet d’une forte extension des zones urbanisées dans le bassin-versant du Nhuệ - Đáy.La récente accélération du processus d’urbanisation et son extension à l’échelle régionaleont provoqué un impact inéluctable sur des paysages traditionnellement caractérisés parla présence de l’eau. Ainsi, durant ces 40 dernières années, Hanoï aurait connu ladisparition de plus 80% de ses plans d’eau. Or, l’eau est un élément fondateur d’une villesituée au cœur du delta du Fleuve Rouge, mais aussi de toute une région-capitalestructurée par un réseau hydraulique très hiérarchisé et très complexe.L’hypothèse de recherche sur laquelle repose les investigations réalisées consiste àconsidérer que (re)donner une plus grande place à l’eau dans les projets de(ré)aménagement urbain permettrait de rendre la ville plus durable, en la rendant plusvivable et plus attractive tout en intégrant des objectifs de maintien d’une certainebiodiversité. En portant ainsi l’attention sur les enjeux de développement durable,l’objectif de cette thèse est de mettre en avant tout le potentiel que représentent lesétendues d’eau libre (cours d’eau, lacs, bassins, canaux et fossés, etc.) et les milieuxassociés pour concevoir d’autres projets d’aménagement urbain que ceux consistant à lescombler ou à les remblayer. Il est aussi de considérer que préserver ou restaurer cesespaces liées à l’eau peut permettre de les ouvrir à d’autres pratiques (promenade, pêche,baignade, etc.), ce qui est susceptible d’amener une plus-value paysagère et récréative.C’est dans cette perspective que cette thèse a fait le choix de prendre le paysagecomme ligne directrice. Sur la base d’une démarche d’investigation située, combinantrelevés sur le terrain, observations participantes et entretiens in situ, les résultats obtenusmontrent les effets délétères d’une urbanisation à marche forcée. Les nombreuxremblaiements nécessaires à l’implantation des axes de circulation et des zones habités,commerciales ou industrielles déstructurent le réseau hydraulique existant, détruisant lescontinuités écologiques existantes et bouleversant les paysages de l’eau associés.L’intense spéculation foncière qui existe autour de ces changements ne profitent querarement aux habitants des territoires concernés. Quant à la planification urbaine, elle esttrop souvent fondée sur une approche simplement fonctionnaliste de l’espace, relevantd’une démarche de type « top-down »et soumise à des enjeux financiers dont l’opacitéest la règle.La recherche met également en évidence des dynamiques divergentes à l’échellelocale. D’une part, les observations de terrain et les entretiens conduits confirment ladynamique générale de remblaiement des surfaces en eau libre et le fait qu’elles sontaujourd’hui considérées par la plupart des habitants comme des réserves foncières.D’autre part, ces observations et entretiens témoignent aussi de formes derésistances/participations locales (municipales et habitantes) à des (ré)aménagementsrécents en lien avec l’eau. Cette participation permet notamment de s’approprier desprojets d’aménagement portés par le pouvoir central et de faire en sorte qu’ils s’ajustentaux aspirations et aux pratiques paysagères, sociales et spatiales des habitants. C’estnotamment le cas des « étangs de l’environnement » (« Ao Môi Trường »), mis en œuvredans le cadre d’une politique nationale intitulé Nouvelle Ruralité (« Nông Thôn Mới »)mise en place en 2010, qui constitue un exemple de l’imbrication des systèmes sociopolitiques telle qu’elles apparaissent dans la fabrique territoriale au Vietnam.