Vivre en suspens : éthique et pratique des scepticismes anciens
Auteur / Autrice : | Enzo Godinot |
Direction : | Valéry Laurand |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 03/12/2022 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux) |
Jury : | Président / Présidente : Ermanno Malaspina |
Examinateurs / Examinatrices : Valéry Laurand, Carlos Lévy, Brigitte Pérez-Jean, Stéphane Marchand | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Carlos Lévy, Brigitte Pérez-Jean |
Mots clés
Résumé
Un lieu commun ancien pose une incompatibilité entre les scepticismes et la vie pratique. Considérant que l’action implique de donner son assentiment et qu’il n’est pas possible d’établir sans dogmatisme des fins à poursuivre, les adversaires des sceptiques ont souvent voulu les enfermer dans une incapacité d’agir ou relever leur inconséquence à chaque action accomplie. Selon le mot célèbre de Pascal, il n’y aurait « jamais eu de pyrrhonien effectif parfait ». L’étude des sceptiques grecs a souvent cherché à composer avec cette difficulté en considérant les questions éthiques et pratiques comme des enjeux philosophiques secondaires, dont l’étude devrait être menée après celle des questions gnoséologiques en cherchant à évaluer si le scepticisme se réduit à une posture philosophique incompatible avec la conduite de la vie ou s’il est possible de mener une vie sceptique cohérente. Cette recherche vise à montrer que les questions éthiques et pratiques n’occupaient pas un rôle secondaire chez les anciens pyrrhoniens et les représentants de la nouvelle académie : l’examen des fins que se proposaient ces philosophes, des critères d’actions qu’ils établirent, et des manifestations concrètes de leurs positions philosophiques (tant dans le discours que dans la vie politique et religieuse) indiquera au contraire que les anciens sceptiques proposaient des voies philosophiques où l’ambition d’être heureux n’était en rien sacrifiée au profit d’une posture philosophique intenable et où les enjeux éthiques précédaient parfois les controverses gnoséologiques. Examinés à partir d’eux-mêmes et non à partir de leurs critiques et des angles d’études qu’elles imposèrent, les sceptiques grecs nous révèleront de nouveaux visages, éloignés des caricatures de philosophes et des personnages fantasques ou inconséquents auxquels ils sont trop souvent réduits.