La phonologie des consonnes rares : une étude typologique des fricatives dentales
Auteur / Autrice : | Leah Vandeveer |
Direction : | Laurence Labrune |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique |
Date : | Soutenance le 30/11/2022 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cognition, langues, langage, ergonomie (Toulouse ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Joaquim Brandao de Carvalho |
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Labrune, Ian Maddieson, Dan Dediu, Shelece Easterday | |
Rapporteur / Rapporteuse : Ian Maddieson, Dan Dediu |
Mots clés
Résumé
Cette thèse explore le sujet des consonnes rares d’un point de vue typologique avec une analyse des fricatives dentales non-sibilantes /θ/ et /ð/. L’objectif de cette étude est de documenter les langues qui contiennent une ou plusieurs fricatives dentales non-sibilantes phonémiques en se basant sur un échantillon de 200 langues et d’observer les tendances à travers leurs inventaires. Cette étude fournit également une définition des consonnes rares en analysant la fréquence interlinguistique des consonnes phonémiques dans l’échantillon, puis en les divisant en classes basées sur leurs propriétés articulatoires. Les fricatives dentales non-sibilantes se trouvent dans peu de langues, mais ne montrent aucune tendance dans leur répartition : il n’y a ni famille linguistique, ni zone géographique dans laquelle on s’attendrait à ce que ces consonnes apparaissent plus qu’une autre. Cela soulève des questions quant aux conditions phonologiques qui sont propices à ces phonèmes dans certains inventaires mais qui empêchent leur présence dans d’autres. De plus, ces consonnes apparaissent plus fréquemment comme sonores que sourdes, ce qui est inattendu étant donné la production complexe du voisement des fricatives et la faible saillance à la perception de /ð/.Cette thèse vise à proposer une typologie des inventaires dans lesquels nous nous attendons à trouver des fricatives dentales non-sibilantes et à expliquer la fréquence interlinguistique plus élevée de /ð/. Sur la base des tendances observées à travers les inventaires avec et sans fricatives dentales non-sibilantes, nous proposons que l’absence de stridence dans les fricatives dentales non-sibilantes entrave leur statut phonémique dans les inventaires avec la fricative sibilante alvéolaire sourde /s/, qui elle est stridente. Nous affirmons qu’en cas de contraste dental/alvéolaire dans les fricatives, le contraste de lieu est souvent neutralisé en faveur de la fricative alvéolaire. Comme les langues avec /s/ ou /s, z/ sont fréquentes interlinguistiquement, il y a donc très peu d’inventaires phonémiques dans lesquels /θ/ et /ð/ peuvent apparaître, expliquant leur rareté interlinguistique. Par conséquent, nous avançons que les contrastes de voisement et de sibilance sont nécessaires pour renforcer le contraste de lieu entre les fricatives dentales et alvéolaires. Ceci est soutenu par la rareté des inventaires avec des contrastes dental/alvéolaire dans les fricatives sibilantes sourdes /s̪, s/ par rapport à ceux avec /ð, s/ dans notre échantillon. Le voisement contrastif et la sibilance en tant que traits de renforcement offrent donc une explication à la surprenante fréquence interlinguistique élevée de la fricative dentale sonore non-sibilante /ð/