Thèse soutenue

Jean-Patrick Manchette : une écriture de la dissonance

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Auteur / Autrice : Nicolas Le Flahec
Direction : Gilles MagniontDominique Rabaté
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophone et comparée
Date : Soutenance le 23/06/2022
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Plurielles (Pessac (Gironde))
Jury : Président / Présidente : Jean Kaempfer
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Magniont, Dominique Rabaté, Benoît Tadié, Nathalie Piégay
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoît Tadié, Nathalie Piégay

Résumé

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Cette thèse embrasse pour la première fois les différentes composantes de l’œuvre de Jean-Patrick Manchette, dont les contours ont peu à peu été redessinés. Il s’agit de s’intéresser aux romans qui, du vivant de l’auteur, ont profondément renouvelé le polar français, mais aussi d’étudier les œuvres de commande, les traductions, les publications posthumes ou encore différents textes inédits. Cette œuvre composite est marquée par une profonde cohérence mais elle est aussi nourrie par de nombreuses tensions. La notion de dissonance, appliquée ici à la littérature, permet d’étudier ces tensions sans les écraser. Tout en mettant en lumière les liens essentiels qui unissent Manchette au roman noir, elle inscrit également cet auteur dans différentes généalogies : Dashiell Hammett, Raymond Chandler, Ross Thomas ou encore Francis Ryck côtoient ainsi dans ce travail de recherche Hegel, Marx et Flaubert mais aussi George Orwell, Georges Perec ou Guy Debord. Ces parallèles permettent de mieux comprendre la singularité d’un écrivain, qui, plus de vingt-cinq ans après sa mort, est toujours lu, commenté, adapté et traduit dans de nombreux pays.Si Manchette pratique une écriture de la dissonance, c’est à la fois parce qu’il écrit les dissonances qui ont marqué son époque et parce que son style est dissonant. Il s’agit toujours, pour lui, d’écrire contre, en ce sens qu’il s’adosse et dépasse dans le même mouvement. C’est cette dynamique qui structure les différentes parties de cette thèse : contre le roman noir, contre l’émotion, contre soi et, enfin, contre le monde. La première partie de la thèse permet de comprendre pourquoi Manchette s’est tourné vers le roman noir tout en montrant comment il a profondément renouvelé cette forme littéraire. La deuxième partie interroge quant à elle une caractéristique essentielle de l’écriture de Manchette, directement liée au genre du roman noir, en soulignant que le romancier s’est approprié le behaviorisme pour élaborer une esthétique du choc. C’est aussi ce rapport à l’émotion qui met en lumière les dissonances des personnages, comme le montre la troisième partie. Les héros de Manchette sont des solitaires mais leur isolement dépasse le simple cadre social : le sujet apparaît alors mouvant et éclaté. C’est également cette expérience particulièrement moderne que le roman raconte. Il ne s’agit toutefois pas de s’en tenir au simple stade de l’individu. C’est pourquoi la dernière partie de la thèse rappelle que le sens du roman tient moins dans la trajectoire intime des personnages que dans leur rapport au monde. C’est ainsi que Manchette a créé une forme capable de décrire et de penser les troubles du monde.