Thèse soutenue

Gestion du carpocapse du pommier : impact du changement climatique sur la lutte contre Cydia pomonella dans les vergers de Provence
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Auteur / Autrice : Marie Perrin
Direction : Magali Rault-LéonardonJoffrey Moiroux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Agronomiques
Date : Soutenance le 09/03/2022
Etablissement(s) : Avignon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 536 « Sciences et agrosciences » (Avignon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut méditerranéen de la biodiversité et d’écologie marine et continentale (Marseille ; 2012-....)
Financeur : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Jury : Président / Présidente : Joan Van Baaren
Examinateurs / Examinatrices : Françoise Lescourret, Philippe Louâpre, Myriam Siegwart
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Hance, Manuel Massot

Résumé

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Le changement climatique induit par les activités anthropiques est à l’origine de perturbations dans tous les écosystèmes dont les agroécosystèmes. La majorité des études s’accordent pour prédire une augmentation des dégâts des ravageurs sur les cultures avec l’augmentation annoncée des températures. Étudier les effets des changements climatiques sur l’efficacité et la pérennité des différentes méthodes de lutte utilisées pour contrôler ces ravageurs est donc primordial. L’objectif de cette thèse est de comprendre comment le changement climatique pourrait influencer les différentes méthodes de lutte utilisées contre un ravageur des pommiers, le carpocapse des pommes, Cydia pomonella (Lepideptora : Tortricidae), dans la Région PACA, particulièrement touchée par le réchauffement climatique. Ces méthodes de lutte intègrent l’utilisation d’insecticides, la lutte biologique et la confusion sexuelle. Pour répondre à cette problématique, les effets croisés température/insecticides sur la mortalité de C. pomonella ont été étudiés. Ces deux stress ont diminué la sensibilité de C. pomonella à deux insecticides. Pour comprendre l’origine de ces effets, les mécanismes biochimiques et moléculaires susceptibles d’être activés par ce double stress ont été étudiés. Ainsi, une augmentation de l'activité des enzymes de détoxication et une surexpression des gènes Cyp9A61 et Gst1 ont été observé lorsqu'un seul stress thermique a été appliqué mais pas avec les deux stress appliqués simultanément. Les gènes Hsp70 et Cyp6B2, pourraient être impliqués dans la tolérance à ces deux stress chez C. pomonella. Avec la volonté grandissante de réduire l'impact des insecticides de synthèse, l'utilisation des ennemis naturels de C. pomonella comme agents de lutte biologique suscite un intérêt croissant. Cependant ceux-ci pourront également être affectés par un effet croisé entre les températures et les insecticides. Ainsi, une température plus élevée a diminué l’efficacité du spinosad et de l’emamectine contre C. pomonella. Elle a augmenté cependant la toxicité de ces insecticides sur un de ses parasitoïde, Mastrus ridens ; et de l’emamectine sur un de ses prédateur, Forficula auricularia, pouvant causer un déclin des populations d’ennemis naturels. D’autre part, le succès des ennemis naturels dépend aussi de leurs optimums thermiques qui détermineront leur capacité à se développer et à être performant contre le ravageur cible. Les modèles phénologiques basés sur les données de développement de C. pomonella indiquent que la Région PACA pourrait voir apparaître une 4ème génération dans les prochaines années. Les résultats montrent également que M. ridens a été capable de se développer et se reproduire à 28°C sans impact sur son potentiel de parasitisme. F. auricularia n’a pas été capable de se développer au-delà de 25°C et a perdu de son potentiel de régulation à 30°C. D'après ces résultats, la biologie de ces espèces et leur saisonnalité, le potentiel de régulation de ses deux ennemis naturels devrait rester relativement stable dans le climat futur. Enfin, une dernière partie s’intéresse à la lutte par confusion sexuelle. La perception antennaire par C. pomonella de composés phéromonaux utilisés dans les diffuseurs à différentes températures est abordée. Les résultats montrent que les mâles de C. pomonella qui ont été élevés à 35°C perçoivent moins bien les composés phéromonaux que ceux qui ont été élevés à 20°C. Les résultats de cette thèse montrent qu’il est nécessaire de prédire l’émergence des générations de carpocapse pour utiliser les méthodes de lutte adaptées avec précision. S’il est trop spéculatif de statuer sur l’efficacité de la confusion sexuelle dans le futur, il semble possible d’adapter l’application de différents insecticides au fil des saisons selon l’effet de la température sur leur efficacité contre C. pomonella et leur toxicité sur les ennemis naturels.