Thèse soutenue

Déterminants moléculaires de la résistance au puceron vert (Myzus persicae) chez le pêcher (Prunus persica) : étude multi-omique des réponses à l'infestation

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Auteur / Autrice : Pauline Le boulch
Direction : Raphaël Lugan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie
Date : Soutenance le 30/08/2022
Etablissement(s) : Avignon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et agrosciences (Avignon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Génétique et amélioration des fruits et légumes
Jury : Président / Présidente : Nathalie Boissot
Examinateurs / Examinatrices : Yvan Rahbé, Jean-Luc Poessel
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Favery, Annick Moing

Résumé

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Parmi les nombreux ravageurs auxquels les plantes sont confrontées, les pucerons sont certainement ceux qui causent le plus de dommages aux cultures en raison de leur multiplication rapide, des dégâts directs qu’ils occasionnent et des virus phytopathogènes qu’ils transmettent. Le puceron vert du pêcher (Myzus persicae, Sulzer) est un ravageur généraliste qui s’attaque à un large panel de plantes incluant le pêcher, son hôte primaire, mais également de nombreux hôtes secondaires de familles botaniques diverses dont différentes espèces cultivées. Des travaux antérieurs ont mis en évidence des accessions de pêcher présentant une résistance à M. persicae conférée par le locus Rm et caractérisée par un phénomène d’antixénose qui provoque rapidement le départ des pucerons. L’objectif de notre travail était d’identifier par une approche intégrée de transcriptomique et de métabolomique les facteurs impliqués dans l’expression de la résistance du pêcher à M. persicae afin d’aboutir à une description quasi exhaustive des fonctions biologiques activées ou réprimées par l’infestation. Notre démarche a consisté à comparer les réponses à l’infestation de deux génotypes de pêcher, GF305 sensible à M. persicae et Rubira porteur du gène de résistance Rm2. Nous avons concentré principalement notre étude sur le temps de 48 h après infestation qui correspond à la mise en place effective d’une résistance induite par Rm2.L’analyse transcriptomique et métabolomique comparative des deux variétés de pêcher a mis en évidence une réponse très limitée de GF305 à l’infestation alors que nous avons observé une reconfiguration profonde du transcriptome chez Rubira. Une tendance similaire a été observée dans les profils métaboliques. Cette reconfiguration transcriptionnelle s’est traduite par une répression de gènes intervenant dans des fonctions de croissance et développement et par une surexpression des gènes de défense ce qui témoigne d’une réorientation du fonctionnement cellulaire au profit de la défense. Cette observation a été confortée par la réduction importante de pools métaboliques de carbone, d'azote et de soufre et par l'accumulation de conjugués d'acide caféique ayant des propriétés anti-appétentes ou toxiques vis à vis des pucerons. Parmi les gènes de défense, la surexpression des récepteurs PRR et NLR suggère une activation conjointe des deux branches du système immunitaire des plantes, PTI et ETI. De plus, l’enrichissement des gènes liés au stress oxydatif, couplé à l'activation de voies métaboliques génératrices de H2O2 telles que la synthèse photorespiratoire de glyoxylate et l’activation du cycle futile P5C/proline, souligne l’implication probable de la synthèse des ROS dans la résistance de Rubira à M. persicae. Le déclenchement d'une réponse systémique acquise a également été suggéré par l'activation du métabolisme des acides salicylique et pipécolique. Enfin, l’implication de l’acide pipécolique dans la résistance des plantes aux pucerons étant très peu documentée, nous avons cherché à déterminer le rôle de ce composé dans la résistance du pêcher. Nous avons étudié l’effet d’un apport exogène en acide pipécolique d’une part sur le comportement de fuite de M. persicae et sur le développement des colonies aphidiennes et d’autre part sur le profil métabolique des apex. Bien que cette expérimentation n’ait pas montré la capacité de l’acide pipécolique à induire la résistance, elle a apporté de nouveaux éléments concernant les marqueurs métaboliques inductibles par cette molécule.En conclusion, ce travail illustre l’ampleur et la complexité de l’expression de la résistance à M. persicae conférée par Rm2 et souligne l’intérêt de l’intégration de données transcriptomiques et métabolomiques pour l’analyse de l’interaction plante/pucerons. Ces connaissances fonctionnelles seront cruciales pour exploiter les sources de résistance naturelles et contrôler durablement les populations aphidiennes.