Les déterminants de la réussite et de l'échec scolaires : étude analytique et comparative à travers des pratiques et expériences ad hoc en Guyane en matière de lutte contre l'abandon scolaire
Auteur / Autrice : | Sadia Ayanne |
Direction : | Yann Lhoste, Apollinaire Anakesa Kululuka |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 05/07/2022 |
Etablissement(s) : | Antilles |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Milieu insulaire tropical : dynamiques de développement, sociétés, patrimoine et culture dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en lettres, langues, arts et sciences humaines (Schoelcher, Martinique) - Centre de Recherches Interdisciplinaires en Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines [UE6_2] |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Yann Lhoste, Apollinaire Anakesa Kululuka, Michel Dispagne, Line Numa-Bocage, Nathalie Wallian |
Rapporteur / Rapporteuse : Michel Dispagne |
Mots clés
Résumé
La construction, par l'enfant, de son « rapport au savoir » commence bien avant toute rencontre scolaire, avec un enseignant, des camarades et une salle de classe. Cela a donc lieu dès son plus jeune âge, plutôt dans le contexte socio-familial, et se poursuit au-delà de l'enfance. Aussi les parents, la fratrie et les autres membres de la famille élargie, gravitant de façon régulière autour de l’enfant, sont-ils déterminants dans la construction de ses rapports tant à l'école, au savoir qu’à l'autre, ainsi qu’à la structuration de soi en tant qu’individu. Cela implique notamment les notions d'image et d'estime de soi, comme l’ont observé à juste titre (Bideaud, Houdé et Pedinielli, 1997, ainsi que Ruano-Borbalan, 1998). Par conséquent, cette construction du rapport au savoir ne s’opère guère uniquement par la fréquentation de l’école. On ne peut donc parler de réussite scolaire, en Guyane en l’occurrence, sans toutefois, à double titre, se référer à quelques modèles, dont certains de nos grands auteurs Antillo-guyanais d'hier et d'aujourd'hui (Aimé Césaire, Léon Gontrand Damas qui, avec Léopold Sédar Senghor, forment la trinité des fameux grands chantres de la Négritude). En effet, outre leurs éducations scolaire et académique, ces derniers ont été, pour la plupart, imprégnés et influencés, depuis leur tendre enfance, par leur condition de « Nègre ». Et si, sur la question de la réussite ou de l’échec scolaire, le Martiniquais Césaire et le Sénégalais Senghor conservent bien, à travers leur poésie, une retenue issue sans doute de leur passé de professeurs de lettres, le Guyanais Damas, le fait, en se laissant plutôt entièrement déborder par la magie des mots, en s'abandonnant à leur « vertige ». Aussi L. G. Damas se montrait-il particulièrement virulent dans sa critique de l’éducation qu’il a reçue, car, pour lui, elle visait à nier sa qualité d’Africain à part entière. À travers son histoire, on peut dire que sa famille (facteur et lieu fondamental de socialisation) a joué un rôle capital dans sa construction identitaire et culturelle. C’est pourquoi le cas Damas sera examiné avec davantage intérêt, en comparaison avec d’autres pratiques et expériences ad hoc. Il en sera de même de l’exemple d’Abraham Lincoln, très intéressant, en termes d’échecs et de réussites qui s’entremêlent, sans compter qu’il a grandi, comme le sont de nombreux élèves en Guyane, dans un environnement très pauvre et très isolé. C’est peut-être à cause ou grâce à cela qu’il s’est forgé un caractère où l’échec n’avait pas sa place. Il était notamment reconnu pour ses discours remarquables et maximes moraux, dont traduisant à la perfection son rapport à l’échec : « Ce que je veux savoir avant tout, ce n'est pas si vous avez échoué, mais si vous avez su accepter votre échec ». L’objet de mon étude est la quête, à travers des analyses appropriées, de ces déterminants, afin de mieux saisir les enjeux du rapport à soi et à l'autre, en tant qu’élément constitutif et fondement du rapport au savoir. Mon but est d’en observer les conséquences, tout en apportant des éléments de réponse à une question capitale qui sous-tend ma problématique : Qu'est-ce-qui explique la relation au savoir, de certains élèves, vécue comme un élément déterminant de leur réussite ou de leur échec scolaire ? En d’autres termes, je me demande si les élèves, en fonction de leur histoire personnelle et culturelle, ont une façon différente de vivre leur rapport à « l’objet scolaire », c’est-à-dire leurs rapports à l’école, et au savoir, mais également leur rapport aux autres (élèves, enseignants et personnels du milieu scolaire, aux parents, etc.) et comment l'expriment t-ils ?