Croissance et concurrence : dynamiques institutionnelles des ONG d'aide internationale
Auteur / Autrice : | Santiago Núñez-Regueiro |
Direction : | Agnès Labrousse, Mireille Razafindrakoto |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences Économiques |
Date : | Soutenance le 17/10/2022 |
Etablissement(s) : | Amiens |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche sur les Institutions, l'Industrie et les Systèmes Économiques d'Amiens (1996-....) |
Jury : | Président / Présidente : Géraldine Rieucau |
Examinateurs / Examinatrices : Rony Brauman | |
Rapporteur / Rapporteuse : Florence Jany-Catrice, Ève Chiapello |
Mots clés
Résumé
Cette thèse d'économie politique porte sur les organisations non gouvernementales d'aide internationale (ONGAI), et se propose d'étudier leurs formes contemporaines. Les ONGAI sont devenues des organisations transnationales de plusieurs milliers de salariés, aux budgets et échelles d'action toujours croissants, agissant dans des configurations institutionnelles spécifiques : acteurs et environnement de l'aide internationale, modèles particuliers de financement... Si elles ont connu un véritable boom depuis les années 1990, promues par les institutions de l'aide, elles sont aujourd'hui critiquées aussi bien pour leurs efficacité et impacts limités, que pour leur marchandisation ou dépolitisation. Sont-elles des organisations de terrain permettant des transformations socio-économiques dans les pays des Suds, ou sont-elles avant tout des prestataires occidentales d'une industrie de l'aide dépassée ? Quelles mutations ont-elles connu ces trente dernières années ? En particulier, quels impacts les phénomènes de croissance et de concurrence du secteur ont-ils eu sur les ONGAI ? Dans une perspective institutionnaliste, la thèse propose une méthodologie mixte permettant une étude de la problématique d'industrialisation des ONGAI, à différents niveaux. Elle mobilise des techniques quantitatives (extraction et fouille de données, analyses statistiques et de réseaux) comme des contenus empiriques originaux (entretiens individuels et collectifs, participation observante) par l'accès privilégié à des données et des terrains rarement accessibles. Constatant le manque de données et d'analyses économiques sur le sujet, la thèse cherche dans un premier temps à mesurer la croissance et la concurrence des ONGAI, par la création et l'analyse d'une base de données inédite. Elle permet de comprendre comment les modèles économiques des ONGAI structurent le secteur en France. La thèse propose ensuite une étude de trois ONGAI depuis ''l'intérieur'', révélant les logiques institutionnelles dominantes qui s'imposent aux acteurs : une quête de croissance financière et l'intériorisation d'une logique de concurrence. Enfin, elle prolonge l'analyse en s'intéressant à l'instrumentation de ces logiques, et aux enjeux idéologiques sous-jacents, par l'étude de deux outils de l'aide internationale : les démarches qualité et les appels à projets européens. Par des apports interdisciplinaires, l'analyse éclaire ainsi les jeux d'acteurs dans le secteur et les processus socio-économiques, institutionnels et normatifs dans lesquels ils s'inscrivent. Elle invite à re-politiser les réflexions d'économie du développement sur l'efficacité, les échelles et les impacts des ONGAI, alors même que des questionnements profonds bousculent le secteur (manifeste Shift the Power, mouvement Time to Decolonise Aid)