L'Intersubjectivité et les nouvelles rationalités sociopolitiques : une relecture contemporaine de la liberté et de la puissance d'agir chez Spinoza
Auteur / Autrice : | Théophile Mugisho Ntarheba |
Direction : | Lorenzo Vinciguerra, Syliane Malinowski-Charles |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 25/11/2022 |
Etablissement(s) : | Amiens en cotutelle avec Université du Québec à Trois-Rivières |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en arts et esthétique (Amiens ; 2008-....) |
Jury : | Président / Présidente : Christian Nadeau |
Examinateurs / Examinatrices : Angela Ferraro, Céline Hervet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Nadeau, Saverio Ansaldi |
Mots clés
Résumé
Cette thèse est intitulée "L'intersubjectivité et les nouvelles rationalités sociopolitiques : une relecture contemporaine de la liberté et de la puissance d'agir chez Spinoza". Il s'agit de revenir sur l'importance que recouvre le concept d'intersubjectivité à travers ses principales approches au sein de la pensée sociopolitique contemporaine où il est envisagé comme le paradigme d'une socialité adéquate. Cette étude se penche sur le défi majeur d'intersubjectivité au sein des approches sociopolitiques contemporaines, qui peinent à penser l'intersubjectivité en termes d'une interrelation véritable des sujets en politique qui ne se réduit ni au sujet lui-même, ni à la fusion indifférenciée des sujets dans un ensemble, ni même à la norme comme principe d'unité des sujets. C'est un tel constat d'échec de l'intersubjectivité dans la philosophie sociale et politique contemporaine qui se dégage principalement de l'analyse des paradigmes husserlien et habermassien ; le premier ayant marqué cette dynamique de la pensée contemporaine orientée vers la rupture avec le modèle classique du sujet issu notamment de Descartes, et le second étant le paradigme intersubjectif prédominant de la philosophie politique contemporaine. C'est l'échec de l'approche normative et délibérative du modèle habermassien de l'intersubjectivité à penser le politique en termes de ce qui unit les sujets qui, de notre point de vue, explique la pertinence de la relecture de l'anthropologie politique de Spinoza telle qu'exposée dans l'Éthique et dans les deux Traités politiques. Il s'agit d'une approche anthropologique de l'interrelation fondée sur une conception "transindividuelle" de l'individualité ; l'individu spinoziste étant envisagé non pas en termes d'ego, mais de composition de différentes parties constitutives rendue possible par la communication des affects. Ainsi, contrairement aux approches contemporaines de la socialité intersubjective, au paradigme habermassien en particulier, le fondement ultime du commun ou de la politique chez Spinoza ne réside ni dans la norme ni dans une fusion qui fait de la société un agrégat d'individus déterminés par la seule recherche d'intérêts particuliers ; mais essentiellement dans un partage des affects qui rend possible l'union des individus et détermine leurs relations. Cette approche spinoziste de la nature interrelationnelle des individus permet dès lors d'envisager une perspective de dépassement du dualisme individu/société, liberté individuelle/souveraineté de l'État ; d'autant plus qu'elle conçoit la société en termes d'individu composé d'une multiplicité d'individus à la fois autonomes et ontologiquement en relation. La perspective spinoziste de la politique conduit ainsi à interroger à nouveaux frais le juridisme qui caractérise la démocratie constitutionnelle actuelle