Thèse soutenue

Implication de l'épigénétique et de la neuroinflammation dans les atteintes cognitives induites par les premières intoxications éthyliques chez le rat adolescent

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Chloé Deschamps
Direction : Olivier PierreficheMickaël Naassila
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie. Neurosciences
Date : Soutenance le 06/05/2022
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences, technologie et santé (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherche sur l'alcool et les pharmacodépendances (Amiens)
Jury : Président / Présidente : Catherine Belzung
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Pierrefiche, Mickaël Naassila, Étienne Quertemont, Vincent David
Rapporteur / Rapporteuse : Étienne Quertemont, Vincent David

Résumé

FR  |  
EN

Le comportement de binge drinking (BD), défini comme la répétition d'épisodes de consommation rapide et massive d'alcool (éthanol), est très répandu chez les adolescents et jeunes adultes et peut conduire à des déficits de mémoire à long terme. Cependant, les mécanismes neurobiologiques de l'éthanol lors des premiers épisodes de BD, qui pourraient révéler les éléments de base de la réponse à l'alcool, restent méconnus. Dans un premier travail, notre laboratoire avait mis en évidence que deux épisodes de BD chez le rat adolescent (EtOH 3g/kg i.p.; éthanolémie 2g/L) suffisaient à induire des déficits d'apprentissage après 48h, associés sur le plan cellulaire à une abolition de la dépression à long terme et à une augmentation de la potentialisation à long terme – deux types de plasticité qui correspondent aux mécanismes cellulaires de la mémoire – enregistrées ex vivo dans l'aire CA1 de l'hippocampe, et à une augmentation de la fonctionnalité des sous-unités GluN2B du récepteur au glutamate de type NMDA. Tout l'enjeu de ce travail de thèse a été de déterminer comment ces effets apparaissaient, en envisageant l'implication de mécanismes épigénétiques et/ou neuroinflammatoires. En combinant des approches comportementales, électrophysiologiques sur tranches d'hippocampe, pharmacologiques et biochimiques, nous démontrons que 48h après l'éthanol, l'expression de l'histone déacétylase de type 2 (HDAC2) est augmentée dans l'aire CA1 et que l'administration préalable de butyrate de sodium (un inhibiteur des HDAC) prévient l'ensemble des effets de l'éthanol. De plus, nos résultats indiquent une sous-expression neuronale du récepteur TLR4 dans CA1 48h après les deux épisodes de BD et l'administration de substances anti-inflammatoires telles que la minocycline, l'indométhacine ou l'antagoniste du TLR4, le TAK-242, préviennent également les perturbations induites par l'éthanol. Nous concluons ainsi que dès les premières expositions, le BD déclenche des processus neuroinflammatoires qui semblent intervenir précocement, mais également des processus épigénétiques qui interviennent peut-être plus tardivement et qui perturbent la plasticité synaptique dans l'hippocampe et par conséquent, l'apprentissage. Bloquer la mise en place de tels processus ouvre des perspectives intéressantes dans la prévention des déficits mnésiques chez les binge drinkers