Arpenter le monde en esprit fort : les écrits de voyage libertins au XVIIe siècle
Auteur / Autrice : | Mathilde Morinet |
Direction : | Sylvie Requemora, Marie-Christine Pioffet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Soutenance le 17/12/2022 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille en cotutelle avec York University (Toronto, Canada) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Langues, Lettres et Arts (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre interdisciplinaire d'étude des littératures (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône) |
Jury : | Président / Présidente : Véronique Magri |
Examinateurs / Examinatrices : Swann Paradis, Grégoire Holtz, Isabelle Luciani | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Tinguely, Judith Sribnai |
Résumé
La thèse se propose d’étudier l’écriture du voyage d’érudits curieux et déniaisés – ou esprits forts –, qui fréquentent les académies savantes parisiennes (Cabinet Dupuy, Hôtel Montmor) et décident de partir arpenter les mondes européens, levantins et indiens principalement pour satisfaire leur curiosité. Pour comprendre ces écrits, il nous paraît essentiel de revenir sur les enjeux sociaux qui sous-tendent cette écriture, dont les objets, les formes et les manières de percevoir dépendent des centres d’intérêt et de la configuration de ces réseaux savants. Car si les écrits de François-Auguste de Thou, Ismaël Boulliau, Jean-Jacques Bouchard, Balthasar de Monconys, Chapelle et Bachaumont, Dassoucy, François Bernier, Samuel Sorbière et Isaac de La Peyrère présentent une expérience semblable du voyage – et singulière par rapport au reste de la production viatique du temps –, c’est qu’ils ont préparé celle-ci au contact des réseaux érudits, où évoluent des savants et philosophes nourris de scepticisme, prompts à exercer leur liberté critique et avides d’interroger les structures du réel et des cultures. À rebours des pratiques diplomatiques, marchandes ou missionnaires du voyage, ces esprits forts exercent une continuelle distanciation critique, questionnant les fausses croyances, sondant les mystères de la nature et interrogeant les différences culturelles à une nouvelle échelle. Cette expérience autre du voyage, faite de soupçon et d’incrédulité, instaure un rapport inquiet à l’ailleurs et produit une nouvelle manière de voir le monde, permettant un renouvellement des savoirs (scientifiques, géographiques, ethnographiques) qui alimente en retour la pensée libertine.