Entre renouvellement et reproduction institutionnels, les professionnels des musées à l'épreuve de l'évolution des pratiques culturelles : le cas du Mucem
Auteur / Autrice : | Nicolas Doduik |
Direction : | Sylvia Girel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 02/12/2022 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | : Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Marseille) |
Equipe de recherche : Mesopolhis (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône) | |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Aldrin |
Examinateurs / Examinatrices : Samuel Coavoux, Lise Renaud | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Wallon, Vincent Berry |
Résumé
Cette thèse démontre comment les professionnels d’un musée, en cherchant à élaborer un nouveau modèle de musée et à renouveler la médiation culturelle, participent à la reconfiguration de la légitimité culturelle. Les professionnels des musées tendent à considérer que l’institution muséale doit se transformer pour s’adapter aux publics contemporains. Les dispositifs numériques et ludiques qui se sont développés au cours des années 2010 dans de nombreux musées incarnent ces tentatives de transformation. Ils soulèvent néanmoins une tension pour les professionnels des publics, entre affichage d’un renouvellement et reproduction de routines institutionnelles. Le cas du Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) illustre de manière aiguë les enjeux liés au renouvellement du modèle ancré des musées d’art parisiens, par sa place spécifique dans le paysage muséal français : institution nationale mais décentralisée à Marseille ; musée de société ; établissement ouvert récemment. Nous montrons que le renouvellement de la médiation culturelle s’inscrit dans un cadre institutionnel normé et une conception des publics « misérabiliste ». Les dispositifs numériques et ludiques incarnent une nouvelle norme de légitimité culturelle « éclectique ». Celle-ci, propre aux catégories moyennes et supérieures dont les professionnels des publics font partie, valorise l’altérité culturelle, rejette la forme scolaire et s’approprie de manière distinctive les répertoires populaires. En s’intégrant au musée, ce type de dispositif participe alors finalement au brouillage des hiérarchies culturelles, moins perceptibles qu’auparavant mais persistantes.