Thèse soutenue

Approche matricielle de la microscopie optique : quantification et correction des aberrations et de la diffusion multiple

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Auteur / Autrice : Paul Balondrade
Direction : Mathias FinkAlbert-Claude BoccaraAlexandre Aubry
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Langevin-Ondes et images (Paris ; 1997-....)
établissement opérateur d'inscription : Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris (1882-....)
Jury : Président / Présidente : Sophie Brasselet
Examinateurs / Examinatrices : Mathias Fink, Jérôme Mertz, Emmanuel Bossy, Sylvain Gigan
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Mertz, Emmanuel Bossy

Résumé

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Le principe de la microscopie optique est d’imager la réflectivité des tissus biologiques à partir des photons diffusés par ces derniers sous une illumination structurée. Cependant, la propagation des ondes lumineuses incidente et réfléchie est souvent dégradée par les hétérogénéités du milieu. Elles peuvent induire des distorsions du front d'onde (aberrations) et des évènements de diffusion multiple qui dégradent la résolution et le contraste de l'image. Les microscopes conventionnels voient leur profondeur de pénétration limitée par le libre parcours moyen de diffusion (typiquement de 10 à 200 µm dans les tissus biologiques). Cette limite a toutefois été repoussée par la microscopie confocale ou l’OCT qui permettent de filtrer spatialement et/ou temporellement une grande partie des photons multiplement diffusés. Une image 3D des tissus biologiques peut ainsi être réalisée sur quelques centaines de µm mais elle reste toutefois fortement altérée par les aberrations et un fond diffus prédominant. Initialement développée en astronomie, l’optique adaptative a été transposée à la microscopie pour corriger les aberrations induites par le milieu. Cependant, les méthodes d’optique adaptative sont complexes à mettre en œuvre expérimentalement, limitées à des faibles ordres d’aberrations et efficientes seulement sur la zone d'invariance de l'aberration. Cette aire d'isoplanétisme voit sa taille diminuer en profondeur jusqu'à ce que l'onde perde totalement la mémoire de sa direction initiale au bout d'un libre parcours moyen de transport (typiquement 1 mm dans les tissus). Cela constitue la limite fondamentale de la microscopie optique.Dans le cadre de cette thèse, nous souhaitons dépasser l’optique adaptative en changeant de paradigme. Inspirée par des travaux passés en acoustique, cette thèse développe une imagerie matricielle des milieux biologiques en optique. Celle-ci est basée sur la mesure d’une matrice de réflexion contenant l’ensemble des réponses impulsionnelles entre un plan d’émission et de réception, à l’aide par exemple d’un modulateur spatial de lumière en entrée et une caméra en sortie. Le principe de l'approche matricielle consiste ensuite à appliquer un ensemble d'opérations à cette matrice de réflexion pour en extraire une information pertinente sur le milieu en fonction du problème considéré. Une quantification locale des aberrations et de la diffusion multiple est ainsi possible, ce qui ouvre la voie à une imagerie quantitative du milieu. Elle permet en outre d'accéder à la matrice de transmission qui relie le système d’imagerie à l'ensemble des voxels de l’image. Cette matrice est précieuse car elle permet en post-traitement de compenser localement tous les phénomènes aberrations subies par l’onde à l’aller et au retour.Au cours de cette thèse, deux dispositifs expérimentaux ont été développés. Le premier permet de combiner l’approche matricielle et l’optique adaptative pour une correction numérique et physique des aberrations. Ce montage, dérivé de l’OCT temporel, permet de combiner les avantages de deux méthodes. De premiers résultats particulièrement encourageants ont été obtenus sur une tranche de cerveau de souris particulièrement diffusante. Le second montage est un dispositif d’imagerie matricielle polychromatique dérivé de l’OCT fréquentiel. Une matrice de réflexion multi-spectrale peut ainsi être enregistrée à une cadence rapide (1-100 Hz). L'approche matricielle permet ensuite de réaliser une image confocale tridimensionnelle de l'échantillon avec une résolution idéale et un contraste optimal en chaque voxel de l'image. La preuve de concept consiste en l’imagerie 3D d’une cornée humaine particulièrement opaque. Finalement, l’accès à un grand nombre de degrés de liberté spectraux permet d’entrevoir un contrôle spatio-temporel de l’onde lumineuse en post-traitement et ainsi une compensation des phénomènes de diffusion multiple plus complexe que les seuls photons serpentiles.