Autour de la « ligne divisoire ». L'espace frontalier du Pays Basque à l'âge des États-nations (1780-1920)
Auteur / Autrice : | Benjamin Duinat |
Direction : | Patrick Cabanel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire moderne et contemporaine |
Date : | Soutenance le 04/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (Paris) |
Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Marie-Vic Ozouf-Marignier |
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Cabanel, Marie-Vic Ozouf-Marignier, Corinne Marache, Pierre Karila-Cohen, Javier Moreno Luzón, Maitane Ostolaza Esnal | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Corinne Marache, Pierre Karila-Cohen |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La « ligne divisoire » est une périphrase que les agents des États espagnol et français emploient au moins depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour désigner la frontière. Dans une perspective à la fois micro-historique et spatiale, il s’est agi de sonder l’espace frontalier du Pays Basque, à l’âge des États-nations, entre les années 1780 et 1920, autour de deux questionnements complémentaires : d’une part, le phénomène de rupture dans la contiguïté que crée la « ligne divisoire », c’est-à-dire l’apprentissage d’un clivage dans la proximité transformant à la fois le quotidien des populations, la politique des diplomates et l’action des agents d’État, en somme un phénomène envahissant les imaginaires au point de bouleverser les pratiques ; et, d’autre part, la fugitivité des espaces obligeant à souligner combien la frontière, souvent envisagée comme un dispositif fixe, est soumise en réalité à la grande labilité de tout ce qui l’entoure, ce qui appelle des opérations permanentes de maintien et de réactualisation de la division spatiale. Mais l’analyse de la délimitation, la démarcation et la gouvernance de cet espace, n’est en réalité qu’un prétexte nécessaire, destiné à réduire l’opacité du social au ras de la « ligne divisoire » et, ainsi, mettre au jour le puissant habitus frontalier qu’ont forgé au fil du temps les populations du Pays Basque. La conjonction d’au moins trois versants distincts de cet habitus spécifiquement frontalier – les savoirs et compétences dans le domaine de la négociation de limites, l’incorporation de la césure géopolitique dans les pratiques et les multiples formes de louvoiement –, est à l’origine d’une sorte de « grammaire générative » de la « ligne divisoire », c’est-à-dire la faculté des individus à produire une infinité de comportements, afin d’user de la discontinuité territoriale, au moyen d’une base réduite de règles issues du droit vernaculaire refondu dans le cadre juridique international.