Thèse soutenue

Une jeunesse en quête d’autonomie : les pirates de l’edelweiss. Retour sur une révolte sans armes contre le nazisme

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Auteur / Autrice : Carmen Grabuschnig
Direction : Paul Zawadzki
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 29/03/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (Paris) - Groupe Sociétés- Religions- Laïcités / GSRL
Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Patrick Farges
Examinateurs / Examinatrices : Paul Zawadzki, Martine Benoit, Sophie Nordmann, Jacques Semelin
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Farges, Martine Benoit

Mots clés

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Résumé

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Alors que le service dans la jeunesse hitlérienne devint, en 1939, une obligation pour chaque fille et garçon allemand âgé entre 10 et 18 ans, plusieurs milliers d’adolescents dans les villes de l’Ouest du Reich refusèrent l’adhésion à l’organisation de jeunsse de l’État, préférant une sociabilité alternative : les pirates de l’edelweiss. Étant donné leur enfance sous le nazisme et leur faible niveau de politisation, cette rupture pose une énigme dont nous voudrions rendre compte. Le national-socialisme fut parfois compris (cf. Louis Dumont) comme la tentative de réagir aux tendances individualistes de la modernité par la réintroduction de principes holistes. Les études sur le totalitarisme (Hannah Arendt) ont parfois avancé de leur côté que l’isolement que l’individualisme tend à produire est un terrain fertile à la domination totale. Face à ces deux thèses classiques, le présent travail se propose d’éclairer l’opposition des pirates de l’edelweiss au régime national-socialiste et d’étudier comment ces jeunes non conformistes ont su dépasser leur isolement, tout en se dressant contre les aspirations holistes inhérentes au projet national-socialiste. Comment ces groupes oppositionnels permettaient-ils la valorisation des individus en leur sein ? Comment embrassaient-ils les valeurs de l’individualisme moderne (principalement la valeur de l’indépendance comprise comme absence d’ingérence extérieure) sans pour autant se replier sur eux-mêmes (condition nécessaire pour tenir face à un régime totalitaire) ? Pour saisir ce positionnement singulier des pirates de l’edelweiss, en comparaison notamment avec la sociabilité juvénile « normale » de l’époque, à savoir la jeunesse hitlérienne, nous examinons d’abord leur mode d’organisation, les relations entretenues en leur sein ainsi que les activités pratiquées. Puis nous analysons comment leur orientation individualiste se trouva infléchie sous l’effet de la répression ; plus précisément comment l’expérience de la violence nazie renforça leur cohésion et leur détermination d’agir ensemble, puis introduisit une ouverture à l’autre. Nous interrogeons enfin si cette reconnaissance de l’autre ne donnait pas à leur combat une dimension dépassant le cadre restreint de leur groupe et de son indépendance, le rapprochant ainsi de l’idéal de l’autonomie.