Thèse soutenue

« Des corps qu’on offre en spectacle à la foule » ? : Les revues du nu en France, 1902-1914
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Auteur / Autrice : Manon Lecaplain
Direction : Christophe Gauthier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Soutenance le 01/04/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Jean Mabillon
établissement opérateur d'inscription : École nationale des chartes (Paris ; 1821-....)
Jury : Président / Présidente : Julie Ramos
Examinateurs / Examinatrices : Julie Ramos, Claire Blandin, Sylvie Aubenas, Bertrand Tillier
Rapporteurs / Rapporteuses : Julie Ramos, Claire Blandin

Résumé

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Tombant « des hauteurs de l’art dans la boue de l’obscénité » : ainsi sont qualifiées par un membre d’une ligue de vertu en 1912 les revues du nu, premières revues françaises de modèles photographiques de nu (1902-1914). Catalogues de poses à destination des artistes, ces revues sont à l’origine d’un discours académique qui légitime la publication de nus photographiques. Cette justification pourtant leur est âprement contestée et, dans une Europe en quête de moralisation, les revues du nu enchaînent les accusations d’obscénité. Placées au coeur d’un débat entre art et immoralité, elles pâtissent d’une illégitimité culturelle qui leur restera fermement associée. Elles sont pourtant de véritables réflecteurs de mentalités. Recueils de nus majoritairement féminins, le discours qu’elles livrent par l’image comme par le texte relaie les constructions idéologiques qui dominent leur société tout en contribuant peut-être à les former : le langage y est celui d’une domination à la fois masculine, blanche et virile. Les corps sont posés, imposés et exposés par les revues du nu qui en font un produit de consommation charnel, le pilier d’une prostitution visuelle. Ce faisant, les revues du nu sont les actrices d’un érotisme de masse dont la tradition académique, sur laquelle elles appuyaient leur argument, se fait vernis légitimant. Objets d’art et de société, elles sont au coeur d’une histoire des corps et de la sexualité, d’une histoire des représentations et des mentalités.