Thèse soutenue

Physique des cavités biologiques : de la formation du blastocyste au contrôle de volume

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Auteur / Autrice : Mathieu Le Verge-Serandour
Direction : Olivier RivoireHervé Turlier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Interdisciplinaire de Recherche en Biologie (Paris ; 2011-....)
établissement de préparation de la thèse : Collège de France (1530-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Joanny
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Rivoire, Hervé Turlier, Jean-François Joanny, Arezki Boudaoud, Anđela Šarić, Ana-Suncana Smith, Aurélien Roux
Rapporteur / Rapporteuse : Arezki Boudaoud, Anđela Šarić

Mots clés

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Résumé

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Les cavités biologiques, ou lumens, sont omniprésentes dans les organismes multicellulaires : elles assurent le transport de fluides, apparaissent pendant certains cancers ou durant le développement embryonnaire, mais les mécanismes physiques expliquant leur formation sont encore peu élucidés. La première cavité biologique chez les mammifères est le blastocèle, qui émerge durant le développement préimplantatoire au stade 32 cellules. Le blastocèle brise la symétrie radiale de l’embryon, lui permet d’éclore de la zone pellucide et de s’implanter dans l’endomètre. Cette thèse vise à proposer des mécanismes physiques expliquant l’apparition du blastocèle chez la souris et le contrôle de sa taille. Tout d’abord, je montre qu’au stade 32 cellules, l’accumulation de fluide pressurisé fracture les contacts cellulaires et forme un réseau de microcavités. En postulant un modèle hydraulique, je montre que l’émergence du blastocèle pourrait être attribuée à l’échange de fluide entre microcavités, dans un processus de mûrissement similaire au mûrissement d’Ostwald. Ce modèle est suffisant pour expliquer la position biaisée du blastocèle au sein de l’embryon grâce aux différences de contractilité des cellules. J’étends ensuite le modèle pour inclure les effets de perméation et de gradients osmotiques. Je montre sur une chaîne de microcavités 1D que la dynamique est principalement contrôlée par les effets hydrauliques qui dominent les contributions osmotiques. Ce modèle est réminiscent des films de démouillage et prédit l’existence d’une loi de puissance dynamique pour le régime de mûrissement. De plus, l’ajout d’un pompage actif de soluté enrichit la dynamique du modèle et prédit un nouveau régime dominé par la coalescence, ainsi qu’un biais dans la position du blastocèle sous pompage spatialement hétérogène, un mécanisme de positionnement complémentaire aux gradients de contractilité. Enfin, j’étudie les mécanismes biophysiques qui contrôlent la taille d’une cavité biologique, en particulier le blastocèle de souris. D’une part, je détermine les effets de chocs osmotiques sur ce système enfermé dans une coquille élastique, comme la zone pellucide, afin de déterminer les caractéristiques mécaniques de la coquille. D’autre part, je généralise le modèle de pompe-fuite pour le contrôle de volume cellulaire à trois compartiments (extérieur, cellule, lumen), en incluant les espèces chargées majoritaires (sodium, potassium, chlorure), le potentiel électrochimique et le potentiel de membrane. Je montre que la stabilité de la cavité dépend de la présence de protéines chargées imperméables et des taux de pompage cellulaire et luminal. Ces modèles physiques mettent en lumière le rôle essentiel des écoulements hydrauliques et du contrôle électroosmotique dans le développement, avec de nombreuses applications au-delà de l’embryogenèse.