Thèse soutenue

Conservation transformative : les interventions biopolitiques, natures reconstituées et cosmologies futures de quelques propositions émergentes en conservation

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Anna-Katharina Laboissière
Direction : Dominique LestelMatthew Chrulew
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 09/06/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Curtin University (Perth, Australie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pays germaniques, transferts culturels (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Stephen Muecke
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Lestel, Matthew Chrulew, Stephen Muecke, Frédéric Keck, Vinciane Despret, Thom Van Dooren, Michelle Bastian
Rapporteurs / Rapporteuses : Stephen Muecke, Frédéric Keck

Résumé

FR  |  
EN

Depuis son institution en tant que discipline formellement reconnue dans les années 1980, la biologie de la conservation a été le terrain de discussions, de débats et de tentatives parfois contradictoires de définir ce que devraient être ses objets, sa portée et ses alliés. Cette thèse étudie les mutations contemporaines de la discipline, et en particulier un ensemble de projets de conservation transformatrice récemment proposés ou implémentés, avec pour but d’analyser comment ces projets redéfinissent ce qu’est la nature, le sauvage, et la survie en période d’extinctions accélérées, ainsi que de tracer les mutations de la politique conservationniste dans un contexte de science « postnormale ». Cette thèse est structurée autour de trois cas d’études : la migration assistée de plantes menacées, l’utilisation d’espèces sauvages cousines dans des programmes agricoles d’hybridation, et enfin l’évolution assistée de coraux. Ces propositions marginales et parfois controversées, définies ici comme exemples d’une « conservation transformatrice » émergente, sont moins préoccupées par l’essence d’espèces sauvages que par les processus qui les structurent. Elles sont indicatives d’une nouvelle épistémologie conservationniste, et impliquent d’intervenir directement dans différents aspects de vies nonhumaines en manipulant divers processus géographiques, généalogiques et temporels. Sur la base de recherches documentaires exhaustives, cette thèse explore les catégories biopolitiques qui structurent chacun de ces projets : une gouvernementalité circulatoire dans le cas de la migration assistée, la manipulation de l’espace relationnel entre deux catégories d’espèces dans la conservation d’espèces sauvages cousines, et l’instrumentalisation de processus génétiques et métaboliques dans le cas de l’évolution assistée. Mais les pratiques de conservation transformatrice peuvent également être étudiées comme le terrain d’une politique oppositionnelle, et cette thèse révèle la présence, dans chaque cas d’étude, de négociations discursives et matérielles avec de nouvelles conditions physiques, temporelles et sociales, négociations qui excèdent un simple projet de maîtrise et de contrôle sur le nonhumain. Cette thèse démontre que la conservation transformatrice est productive non seulement d’un point de vue biopolitique, mais également dans sa dimension cosmologique, quand bien même les pratiques et discours conservationnistes restent soumis à des nomenclatures épistémologiques et ontologiques appauvries.