Facteurs structurels et contextuels en pragmatique
Auteur / Autrice : | Émile Enguehard |
Direction : | Benjamin Spector |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences cognitives |
Date : | Soutenance le 04/10/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Jean-Nicod (Paris) (2002-....) |
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Chemla |
Examinateurs / Examinatrices : Benjamin Spector, Maria Aloni, Maribel Romero, Yasutada Sudo, Uli Sauerland | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Maria Aloni, Maribel Romero |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse a pour thème fondamental le rôle des alternatives dans la sémantique et la pragmatique des langues naturelles, et tout particulièrement la question de la division du travail exacte entre la sémantique et la pragmatique pour ce qui touche aux phénomènes sensibles aux alternatives. On compte parmi les plus importants de ces phénomènes celui des implicatures scalaires et de l'exhaustification, qui fait l'objet des deux premiers chapitres. Le chapitre 2 (après une introduction) concerne le potentiel des numéraux modifiés comparatifs, les expressions comme “plus de trois”, à engendrer des implicatures scalaires. Je montre que contrairement à ce qui a été avancé dans la littérature, on peut observer des implicatures scalaires dans les phrases faisant intervenir ces expressions, et que leur présence dépend de facteurs liés à la connaissance générale ainsi que la rotondité du nombre. Je propose une théorie basée sur une exhaustification obligatoire avec des échelles lexicales, et où le choix de l'échelle dépend d'une questions en discussion (QUD) déterminée pragmatiquement. Le chapitre 3 est consacré à un problème bien connu des théories de l'exhaustification qui la place dans le système sémantique : ces théories permettent l'exhaustification enchassée, mais doivent contraindre sa distribution pour être en accord avec les observations. L'argument du chapitre est qu'il est possible de dériver cette distribution à partir d'une contrainte globale de connexité sur le sens. Cette contrainte est inspirée de travaux sur le caractère naturel ou non des concepts, et est liée de façon plausible à un biais cognitif très général. Dans le chapitre 4, il est question d'une famille d'exemples modaux, les constructions de suffisance minimale, dont le sens tel qu'observé s'écarte de ce que prédisent les idées généralement admises sur leurs constituants. Je compare plusieurs approches de ce problème inspirés de la littérature, qui font toutes intervenir des échelles pragmatiques ainsi qu'une forme de sensibilité aux alternatives, mais en la situant dans des composantes différentes de la phrase. La conclusion est qu'aucune des ces approches n'est tout à fait satisfaisante. Le chapitre 5 se veut une illustration de l'usage des modèles probabilistes de la pragmatique, qui ont été proposés comme alternative à l'exhaustification, pour dériver des résultats formels d'intérêt pour la linguistique. La question dont il s'agit est le problème posé par Horn sur la lexicalisation des opérateurs logiques formant ce qu'on appelle le carré d'Aristote: pourquoi est-ce qu'un certain lexique (A, E, I) est très souvent observé alors qu'un autre (A, E, O), tout aussi expressif, ne l'est pas ? Il est montré que l'optimalité du lexique attesté se dérive d'une généralisation naturelle sur le sens des mots de contenu à l'aide d'un modèle de l'usage du langage fondé sur la théorie de la décision. Pour finir, les deux derniers chapitres portent sur la sémantique des questions. Je montre que certaines généralisations sur la projection des présuppositions dans les questions polaires coordonnées sont problématique pour l'approche des questions fondée sur la sémantique alternative (aussi appelée Hamblin-Karttunen), ainsi que pour d'autres théories existantes, et ce parce que les théories importantes de la projection des présupposition ne permettent pas de dériver les données. Je propose comme solution l'adoption d'une sémantique des questions plus riche que celle des alternatives, qui établisse un parallélisme plus clair entre les questions polaires et les déclaratives, et je présente deux théories de ce type, l'une fondée sur la sémantique inquisitive et la logique trivalent, dans le chapitre 6, et l'autre fondée sur la sémantique dynamique, dans le chapitre 7.