Thèse soutenue

Le concept de la relation dans la philosophie de la traduction

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Auteur / Autrice : Alenka Ambrož
Direction : Marc Crépon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 17/06/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pays germaniques, transferts culturels (Paris)
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Magali Bessone
Examinateurs / Examinatrices : Marc Crépon, Magali Bessone, Souleymane Bachir Diagne, Mladen Dolar, Isabelle Kalinowski
Rapporteur / Rapporteuse : Souleymane Bachir Diagne, Mladen Dolar

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La traduction est au cœur de notre être au monde : elle suscite le devenir des nations, des civilisations, accélère le progrès des sciences, elle informe les confrontations politiques ainsi que nos échanges les plus intimes. Aujourd’hui plus que jamais, la traduction devient inséparable de la pratique philosophique, voire la seule manière de philosopher tout en évitant les pièges de « l’universel de surplomb » (S. Diagne). Or, la traduction ne peut être pensée en faisant abstraction de la relation particulière qu’elle tisse entre les langues et entre les êtres incorporés qui vivent dans et à travers ces langues. Loin d’être indéterminée, comme dans l’hypothèse de la traduction radicale de Quine, la traduction est toujours surdéterminée par les relations qui la constituent. Ces relations, reliant des langues, des expériences et des modes de vie différents, sont toujours teintées par le poids des échanges passés, par les blessures du corps et par des névroses issues des longues histoires de domination et de l’exploitation. Il convient donc d’interroger la relation afin de comprendre les formes qu’elle puisse épouser et la manière dont elle informe ou déforme la compréhension d’autrui. S'inspirant de la pensée d’Edouard Glissant, qui a fait des concepts de la Relation et de la traduction des piliers de l’imaginaire d’un monde postcolonial, nous tracerons le concept de relation à travers les philosophies de la traduction du dernier siècle. De la manière dont elle se présente en philosophie analytique de Quine et de Wittgenstein, à travers l’hypothèse radicale de l’absence de relation où à travers la relation comme participation commune aux formes de vie, à la phénoménologie de la relation vécue dans le contexte colonial chez Fanon et Memmi, la traduction interculturelle s’avère être informée par l’expérience vécue et par les modes de vie impliqués. Si nous admettons ensuite, comme nous le ferons en deuxième partie de ce travail, que la traduction est l’action politique par excellence (Gramsci) et que le tissage des relations entre les langues est le rempart le plus fiable contre le fascisme (Benjamin), nous verrons néanmoins que la traduction d’un modèle politique en d’autres contextes culturels résulte en violence et imposition quand la relation n’est pas pensée dans le sens plein de réciprocité (Césaire). Nous nous interrogeons finalement sur les effets que le concept de relation porte sur l’éthique de la traduction. Nous verrons, à travers une lecture croisée de Glissant et de Berman, que l’éthique de la traduction n’est pas pensable sans la prise en compte de l’imprévisibilité de la relation qui l’informe. La pensée de la traduction ouvre ainsi tout système éthique vers le mouvement de la relation.