Informer en contexte d’exception : Une production journalistique en crise en Turquie (2013-2018)
Auteur / Autrice : | Pelin Ünsal |
Direction : | Isabelle Veyrat-Masson |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 06/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale SDOSE (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences SOciales (Paris) - Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales / IRISSO |
établissement opérateur d'inscription : Université Paris Dauphine-PSL (1968-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Samim Akgönül |
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Veyrat-Masson, Samim Akgönül, Françoise Daucé, Benjamin Gourisse, Aurélie Aubert, Ahmet İnsel | |
Rapporteur / Rapporteuse : Françoise Daucé, Benjamin Gourisse |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse analyse la crise de la production journalistique turque sous le gouvernement AKP (2013-2018), caractérisé par une mise en cohérence progressive de l’espace politique et médiatique. Plus spécifiquement, elle étudie le poids des relations professionnelles et des interactions entre les collègues, tant dans la production journalistique que dans la mise en pratique des résistances et stratégies visant à contourner la répression du gouvernement AKP. Suivant une démarche de sociologie interactionniste, une attention particulière est portée aux négociations entre les dirigeants des médias et les journalistes et aux micro stratégies déployées par les journalistes pour contourner la contrainte politique qui entrave leur autonomie éditoriale. Des enquêtes principalement menées à Istanbul, à Ankara, mais aussi en Europe, permettent d’analyser en profondeur les micro récits des journalistes exposant leur insertion dans leur milieu professionnel et leur mobilité dans le métier, leurs expériences professionnelles et personnelles. Le flou et la fluidité jouent un rôle essentiel dans la construction des carrières des journalistes dans la mesure où la formation seule s’avère insuffisante pour s’insérer dans la profession. Ce sont plutôt les vicissitudes politiques qui gouvernent les carrières, ce qui renforce la mobilité et la discontinuité des trajectoires. Ni le contrôle du pouvoir autoritaire sur les médias, ni l’abandon du métier par les journalistes n’expliquent pleinement les transformations de la profession et des mécanismes de la production journalistique. Il devient apparent que la production journalistique est intrinsèquement liée aux interactions entre les professionnels des médias et les conditions de travail de la profession et qu’elle est conditionnée par les stratégies et négociations mises en œuvre par les journalistes. Dans un milieu professionnel peu structuré, peu formalisé, où les tendances politiques et les rapports personnels jouent un rôle prépondérant, le journalisme reste un produit de négociations réciproques qui peuvent être revisitées selon le contexte du moment.