Thèse soutenue

Anamorphose sociale : Classes sociales et inégalités sociales au Brésil au cours des années 2000

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Auteur / Autrice : Lucas Page Pereira
Direction : Frédéric Lebaron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie
Date : Soutenance le 21/09/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire PRINTEMPS (Guyancourt, Yvelines ; 1995-....)
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Camille Peugny
Examinateurs / Examinatrices : Adalberto Moreira Cardoso, Yasmine Siblot, Ana Perrin-Heredia, Virgílio Borges Pereira
Rapporteurs / Rapporteuses : Adalberto Moreira Cardoso, Yasmine Siblot

Résumé

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Cette thèse interroge la pertinence des indicateurs de classes sociales dans l'analyse des inégalités sociales au Brésil. Ces indicateurs jouent un rôle essentiel en tant qu’outil scientifique capable d’exprimer synthétiquement un ensemble de différences observables entre les milieux sociaux. La manière de fixer les paramètres permet à ces outils de faire apparaître, puis de contribuer à faire exister différents phénomènes. En tant qu’éléments du jeu politique, ces indicateurs sont sensibles au niveau d’organisation des travailleurs et travailleuses, aux politiques publiques et à la place occupée par les organismes producteurs de la statistique publique dans un champ politique déterminé. Si, depuis un demi-siècle, la "mort" des classes sociales a été annoncée à maintes reprises, la pertinence des indicateurs de classes sociales ne cesse, pourtant, d’être réaffirmée par une série d’études empiriques dans différents domaines de la sociologie. À ce sujet, le Brésil présente deux caractéristiques qui le rendent un cas particulièrement intéressant pour l’étude du rapport entre indicateurs de classes sociales et inégalités sociales, au-delà de la grande diversité de genres de vie et de l'ampleur des inégalités de richesse que nous y trouvons. Premièrement, les sciences sociales brésiliennes ne sont pas parvenues à produire un indicateur de milieu social consensuel ou hégémonique. Deuxièmement, nous y retrouvons l’usage simultané de plusieurs indicateurs de classes sociales dans la recherche académique qui répondent à des logiques disciplinaires et théoriques distinctes. Située à l'entrecroisement de la sociologie de la quantification, de la sociologie des classes sociales et de celle des inégalités sociales, cette thèse est composée de trois axes. Un premier interrogeant la mise en place des enquêtes et des outils scientifiques nécessaires à la mesure des classes sociales. Il s’agit, d'un côté, de se pencher sur les conditions de possibilité de ces dispositifs qui prennent corps dans les objectifs, dans les structures et dans les critères méthodologiques des enquêtes mises en place par la statistique publique à la charnière des années 1970 ; et, de l'autre côté, de soumettre à la critique six des indicateurs de classes sociales les plus répandus au Brésil, en explicitant leurs critères et logiques d’opérationnalisation et les raisons théoriques et/ou empiriques qui les fondent. Un deuxième axe interroge la structure des inégalités sociales au Brésil durant la période 2002-2015, un moment marqué par une grande transformation des conditions de vie des brésiliens. En adoptant la perspective de l'Analyse géométrique de données, il s'agit de construire, décrire et décomposer l'espace des conditions de vie et d’emploi au Brésil. Le troisième axe de cette thèse est dédié à la comparaison de la capacité que les différents indicateurs socio-économiques - classes sociales, revenu (ou capital économique), niveau d’étude (ou capital scolaire), niveau de compétence (ou capital humain), etc. - ont de saisir cet espace, de manière à évaluer dans quelle mesure les classes sociales sont "mortes" au Brésil et quelles sont les différentes facettes de cet espace qui sont mises en lumière par les différents indicateurs.