Exposition domestique aux produits de nettoyage et santé respiratoire
Auteur / Autrice : | Pierre Lemire |
Direction : | Nicole Lincot le Moual, Valérie Siroux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé publique - épidémiologie |
Date : | Soutenance le 14/10/2021 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....) |
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Alexis Elbaz |
Examinateurs / Examinatrices : Nicole Lincot le Moual, Valérie Siroux, Ronan Garlantézec, Isabelle Baldi, Florence Menegaux, Nathalie Seta, Vincent Bonneterre | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Ronan Garlantézec, Isabelle Baldi |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’utilisation de produits de nettoyage est un facteur de risque d’asthme professionnel établi, mais leur rôle dans l’asthme lors d’un usage à domicile doit être approfondi. L’objectif général de cette thèse est double avec 1) un objectif étiologique qui vise à approfondir les connaissances actuelles sur les relations entre l’exposition domestique aux produits d’entretien et l’asthme chez de jeunes mères (cohorte couple-enfant Sepages ; n=484) et des femmes âgées (asthma-E3N, étude cas-témoin nichée au sein de L'Etude Epidémiologique auprès des femmes de la Mutuelle Générale et de l'Education Nationale; n=21 300) ; 2) un objectif méthodologique qui vise à évaluer deux méthodes novatrices d’estimation de l’exposition aux produits ménagers.Les associations entre la fréquence et le nombre hebdomadaire de produits (irritants, sprays, parfumés) utilisés et l’asthme actuel ou le score de symptômes d’asthme ont été évaluées par des modèles de régression. Une nouvelle méthode d’évaluation de l’usage de produits ménagers - une application smartphone (App-CB) permettant de scanner les codes-barres des produits, associées ensuite à une base de données de leurs ingrédients, et de renseigner leurs usages - a été comparée à un questionnaire. L’application rend aussi possible une première étude étiologique du Ménag’score® (A : pas de risque connu, à E risque le plus élevé ; INC), un score d’évaluation des risques des produits ménagers à partir de leur liste exhaustive d’ingrédients.L’usage hebdomadaire de produits d’entretien irritants était associé à un risque augmenté d’asthme actuel, quel que soit le statut allergique, dès l’utilisation d’un irritant (OR [IC 95%] =1,20 [1,10-1,30]), et croissant avec la fréquence (4-7j/semaine : OR=1,46 [1,26-1,69]) et le nombre de produits utilisés (≥3 irritants/semaine OR=2,20 [1,67-2,89]), chez les femmes âgées de la cohorte Asthma-E3N. Dans la cohorte Sepages, les accords observés entre les deux estimateurs des expositions disponibles (App-CB ; questionnaire ; n=101) étaient faibles à modérés pour les catégories de produit comparables : javel, sprays et produits parfumés (Κappas: 0,25 ; 0,35 ; 0,11 ; respectivement). Lors d’un usage hebdomadaire, le nombre de produits scannés (1,15 [1,00-1,32]), de produits parfumés (1,16 [1,02-1,32]) et un Ménag’score® élevé (≥1 produit D ou E : 3,13 [1,32-7,43]) étaient significativement associés à un risque plus élevé de présenter au moins un symptôme d’asthme.Les résultats suggèrent que l’utilisation hebdomadaire de produits d’entretien à domicile est associée à un risque plus élevé d’asthme. Au-delà des professionnels, des mesures de prévention lors de l’usage de produits ménagers doivent être prise à destination de l’ensemble de la population, notamment les femmes. Ce travail de thèse suggère aussi, grâce à une première étude étiologique, que le Ménag’score®, pourrait être un outil simple et intuitif de prévention en santé publique. Si cette association entre un Ménag’Score® élevé et une moins bonne santé respiratoire est confirmée dans d’autres études épidémiologiques, son affichage systématique sur les produits ménagers permettrait d’informer les consommateurs de leur toxicité et ainsi réduire à moyen terme le risque sanitaire pour la population.