Exploration multi-échelle de l’électroactivité bactérienne au travers de l’étude de la biocorrosion du fer
Auteur / Autrice : | Marion Lherbette |
Direction : | Eric Raspaud, Christian Marlière, Christophe Regeard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physique |
Date : | Soutenance le 22/07/2021 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de physique des solides (Orsay, Essonne) |
Référent : Faculté des sciences d'Orsay | |
Jury : | Président / Présidente : Giuseppe Foffi |
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Jorand, Régine Basséguy, Céline Remazeilles, Sigolène Lecuyer | |
Rapporteur / Rapporteuse : Frédéric Jorand, Régine Basséguy |
Mots clés
Résumé
La mise en évidence de la capacité des bactéries à transporter des électrons à l’extérieur de leur cellule a ouvert tout un nouveau champ de recherche aussi bien fondamentale, sur l’électroactivité bactérienne, qu’appliquée à la bioremédiation de polluants ou la fabrication de biopiles. Ce travail de thèse propose d’observer expérimentalement les mécanismes mis en jeu au cours de ces transferts extracellulaires d’électrons, principalement au travers de l’étude de la biocorrosion du fer. La bactérie anaérobie facultative modèle, Shewanella oneidensis MR-1, connue pour son électroactivité et sa capacité à réduire le fer ferrique, a été choisie. L’originalité de l’approche expérimentale proposée ici réside dans l’utilisation de nanofilms de fer (10nm d’épaisseur) permettant de visualiser, in situ et en temps réel, les bactéries au cours du processus de corrosion tout en suivant optiquement la dégradation de la couche de fer qui en résulte. Ces nanofilms, partiellement transparents, sont obtenus par évaporation thermique et ont été caractérisés par différentes techniques complémentaires (XPS, AFM, réflectivité X, résistivité et absorbance optique). Elles indiquent une surface de rugosité sub-nanométrique, homogène et composée, sur les premiers nanomètres, d’une couche passivante d’oxydes de Fe(II) et Fe(III) recouvrant entièrement le Fe(0). La construction d’un montage optique, combiné à des mesures de courant électrique et de potentiel en circuit ouvert, nous permettent de suivre, pas à pas, la dégradation du fer au contact d’une solution bactérienne. En seulement quelques heures, après une première étape dite « phase d’initiation », la corrosion homogène et uniforme du Fe(0) est observée. Afin de comprendre l’origine de cette phase d’initiation, la concentration initiale en bactéries, l’environnement chimique ou encore les espèces bactériennes (E.coli, L.plantarum) ont été modifiées. Les résultats suggèrent que, par des processus directs, comme l’utilisation de fer ferrique en tant que dernier accepteur d’électrons dans la chaîne respiratoire, ou indirects, comme la production de molécules corrosives, les bactéries induisent la dégradation de la couche passive d’oxyde de fer. Le Fe(0), alors au contact de la solution aqueuse, s’oxyde chimiquement. Des observations de microscopie optique in situ ont également permis de suivre la localisation et la dynamique des bactéries au voisinage de la surface de fer avant, pendant et après la corrosion. En parallèle, des études aux échelles locale et génomique ont été initiées. Dans l’idée de cartographier, via un microscope à force atomique, la charge à la surface des bactéries, un protocole d’adhésion des bactéries à un substrat conducteur (sans traitement chimique) est à l’étude.