Thèse soutenue

Perturbation des processus décisionnels : mise en évidence de vulnérabilités à la consommation de sucre ou d'édulcorants chez la souris

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Auteur / Autrice : Héloïse Hamelin
Direction : Sylvie Granon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 30/03/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Signalisations et réseaux intégratifs en biologie
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des neurosciences Paris-Saclay (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
Jury : Président / Présidente : Denis David
Examinateurs / Examinatrices : Katia Befort, Mehdi Khamassi, Stéphanie Daumas, Jean-Claude Dreher
Rapporteurs / Rapporteuses : Katia Befort, Mehdi Khamassi

Résumé

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La prise de décision est un processus cognitif adaptatif essentiel à la survie. Effectuer des choix adaptés repose sur l’intégration de plusieurs processus mentaux aboutissant à choisir l’option la plus efficace. Les choix sont motivés par des récompenses primaires, telles que la nourriture ou la reproduction ; ou indirectement liées à la survie ; l’exploration de la nouveauté (l’argent, le jeu…). Des décisions adaptées à long terme, dans un environnement dynamique, nécessitent de développer une flexibilité comportementale, apprendre et évaluer les situations de choix et leurs résultats afin de les anticiper dans le futur. Ces décisions, normales ou pathologiques, sont construites et fortement modulées au cours de la vie grâce à l’activité du système de la récompense. Ces travaux de thèse questionnent l’impact de perturbations non pathologique du système de la récompense sur les processus décisionnels et leurs substrats neuronaux et neurochimiques. Nous avons étudié les effets d’une consommation continue à faible dose de sucrose et d’édulcorants, chez la souris adulte et adolescente, mode de consommation proche de l’usage humain. Pour cela, nous avons employé différents paradigmes comportementaux classiquement utilisés au laboratoire : le Mouse Gambling Task (MGT), et le Social Interaction Task (SIT), qui placent, respectivement, l’individu dans un contexte de recherche alimentaire ou d’interaction avec un congénère de même sexe, nécessitant la planification et l’adaptation des actions. Nous nous sommes également intéressés à l’étude de la variabilité individuelle de la réponse comportementale afin de déterminer si certains individus sont plus susceptibles de développer des troubles comportementaux que d’autres. Mes résultats révèlent qu’une perturbation du système de la récompense par la consommation prolongée de sucre ou d’édulcorants altère les comportements décisionnels, que la récompense obtenue soit alimentaire ou sociale. Ces altérations comportementales s’accompagnent de remaniements de l’activité neuronale et de la neurochimie, notamment dopaminergique dans le cortex préfrontal et le striatum, largement impliqués dans l’évaluation de la récompense, l’apprentissage et flexibilité comportementale. Les consommations de substances au goût sucré durant l’adolescence amplifient les modifications neurochimiques observées chez l’adulte, entrainant de surcroit des modifications sérotoninergiques.Enfin, nous avons identifié des marqueurs de vulnérabilité que ces consommations précoces ou tardive permettent de révéler : suivant les produits consommés, entre 55 et 65% des individus présentent des profils décisionnels extrêmes contre 45% chez les souris ne consommant que de l’eau. La rigidité comportementale est en outre très marquée chez les souris consommant des édulcorants alors que celles consommant du sucre sont plus indécises et accentuent leur prise de risque. Ainsi, ces résultats montrent qu’une perturbation du système de la récompense par la consommation prolongée de substances sucrées ou édulcorées, suffit à entrainer des altérations comportementales et cérébrales importantes, de l’activité neuronale et de la neurochimie, indépendamment d’altérations métaboliques. Ces altérations, pointant sur des vulnérabilités et résistances individuelles sont des pistes nouvelles de marqueurs de vulnérabilité à développer des troubles comportementaux.