Génomique comparée à grande échelle de souches d’Escherichia coli responsables de bactériémies chez l’Homme : implications cliniques et analyse des réseaux métaboliques
Auteur / Autrice : | Guilhem Royer |
Direction : | David Vallenet, Jean-Winoc Decousser |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 31/03/2021 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Génomique métabolique (Evry, Essonne ; 2000-....) |
Référent : Université d'Évry-Val-d'Essonne (1991-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Marie-Frédérique Lartigue |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Brisse, Catherine Schouler, Thierry Naas | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvain Brisse, Catherine Schouler |
Mots clés
Résumé
Escherichia coli est la bactérie aéro-anaérobie facultative majoritaire du tube digestif de l'Homme et, également, l'espèce la plus fréquemment isolée au cours de bactériémies dans les pays industrialisés. La population de E. coli présente une diversité importante mais néanmoins structurée, avec certains groupes phylogénétiques préférentiellement associés à un mode de vie (e.g. A/B1 et commensal, B2/D et pathogène extraintestinal). De nombreux facteurs de virulence ont été décrits chez les souches pathogènes extraintestinales (ExPEC), mais le pronostic des bactériémies à E. coli semble dépendre des facteurs associés à l'hôte. Cependant, certains clones virulents et multirésistants aux antibiotiques ont récemment émergé, modifiant drastiquement l'épidémiologie de ces infections. En parallèle, la démocratisation des méthodes de séquençage offre aujourd'hui une granularité encore jamais atteinte dans l'analyse des génomes bactériens. L'objectif de ce travail de thèse est de tirer profit des méthodes de génomique comparée pour améliorer notre compréhension de la physiopathologie des bactériémies à E. coli, tout en prenant en compte les modifications épidémiologiques majeures qui sont observées. La réalisation de telles comparaisons génomiques a nécessité, tout d'abord, la mise en place d'une stratégie d'analyse, incluant notamment le développement d'une approche ciblée pour l'identification des séquences plasmidiques au sein d'assemblages de génomes.Cette stratégie, appliquée à 545 souches recueillies au cours de l'étude Septicoli en 2016-2017, a permis de confirmer le rôle mineur des déterminants bactériens dans l'issue des bactériémies à E. coli. De plus, par la comparaison de ces souches à celles de l'étude Colibafi, nous avons étudié la dynamique de la population sur 12 ans. Si celle-ci apparaît globalement stable, l'exploration plus fine des principaux clones montre d'importants remaniements, parfois associés à des facteurs de virulence typiques des ExPEC. D'autre part, la diversité antigénique de ces clones est variable et suggère des pressions de sélection différentes en fonction de leur niche écologique respective. Enfin, dans une dernière partie nous avons réalisé la reconstruction des réseaux métaboliques de plus de 1400 souches de E. coli afin d'étudier les liens entre métabolisme et mode de vie. Les résultats soulignent la conservation du métabolisme chez E. coli et son association forte avec la phylogénie. Par ailleurs, une analyse détaillée des principaux clones retrouvés dans les bactériémies, dont notamment le ST131, met en évidence une voie métabolique impliquée dans la dégradation de composés aromatiques dérivés de la lignine. Cette voie, habituellement absente des souches de phylogroupe B2, pourrait procurer un avantage sélectif à ce clone pandémique mondial d'émergence récente.