Thèse soutenue

Couplage temporel entre la réplication et l’entrée en mitose en conditions normales ou perturbées : rôles de la signalisation Chk1

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Auteur / Autrice : Vicente Lebrec
Direction : Olivier Gavet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 16/02/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cancérologie, Biologie, Médecine, Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Intégrité du génome et cancers (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....)
référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
Jury : Président / Présidente : Yea-Lih Lin
Examinateurs / Examinatrices : Renata Basto, Franck Toledo, Stéphane Koundrioukoff, Gérald Peyroche
Rapporteurs / Rapporteuses : Renata Basto, Franck Toledo

Résumé

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Le stress réplicatif est une source majeure d'instabilité génétique et pourrait jouer un rôle clé dans le développement tumoral précoce. Des mécanismes de surveillance (checkpoint) qui empêchent la progression du cycle cellulaire sont fortement actifs dans les lésions prénéoplasiques, où ils pourraient agir comme une barrière à la tumorigenèse. Pourtant, de nombreux travaux suggèrent que les checkpoints ne sont pas infaillibles et que suite à divers stress génotoxiques, des altérations de l'ADN peuvent persister jusqu'à la mitose malgré un checkpoint fonctionnel. De l'ADN non répliqué peut notamment persister au niveau des sites fragiles communs (CFS) jusqu'à la fin de la phase G2 ou au début de la mitose, entraînant des gaps et cassures chromosomiques pouvant affecter la stabilité génétique de la lignée cellulaire. Le but de mon doctorat était de déterminer comment le checkpoint se comporte dans les cellules qui entrent en mitose malgré un stress réplicatif et de caractériser les mécanismes par lesquels les cellules entrent en mitose malgré la persistance de structures génotoxiques. Pour explorer ces questions, j'ai développé un senseur FRET spécifique de l'activité Chk1 et ai exprimé cet outil de manière stable dans des cellules humaines non transformées. Ce nouveau système m'a permis de décrire la cinétique précise de l'activité Chk1 avec une forte résolution temporelle en vidéomicroscopie sur cellule unique, que ce soit à la suite d'un stress génotoxique ou dans des conditions non perturbées. Ainsi, dans des cellules où PCNA endogène a été marqué avec une protéine fluorescente, j'ai déterminé que Chk1 s’active faiblement en phase S mais que son profil d’activité dépend de l’activation constante de nouvelles origines de réplication et est fortement corrélé à la dynamique des foyers de réplication. Suite à l'induction d'un stress réplicatif en phase S, cette activité basale est augmentée, mais une fraction des cellules en phase S parvient à atteindre la phase G2. Au cours de cette transition S/G2, Chk1 s’inactive de façon conjointe à la disparition des foyers de réplication, ce qui est suivi par l’expression des inducteurs mitotiques. De manière reproductible, cette phase G2 dure plusieurs heures avant de bifurquer vers la mitose ou vers un arrêt en G2 dépendant de p53. De façon surprenante, la cinétique d'activité Chk1 à la phase G2 montre une forte hétérogénéité et peut soit rester à un niveau minimal, soit se réactiver en phase G2 pour empêcher une entrée en mitose prématurée. J’ai cependant pu déterminer qu’une fraction des cellules entre en mitose malgré la persistance d’un niveau élevé d'activité Chk1, démontrant de façon directe que les cellules de mammifères peuvent entrer en mitose malgré un checkpoint actif. Enfin, au cycle suivant, les cellules dont la mère a réactivé Chk1 à la phase G2 précédente sont moins susceptibles de ré-entrer en phase S au cours du cycle cellulaire suivant, ce qui suggère que les structures qui ont activé Chk1 en phase G2 sont génotoxiques et/ou provoquent un arrêt en G1. Mes résultats élargissent nos connaissances sur la régulation de la progression du cycle cellulaire en conditions normales ou perturbées, ouvrent des questions sur les aspects temporels de l'activation d'ATR/Chk1, et suggèrent que les structures génotoxiques de l'ADN résultant d’un stress réplicatif en phase S sont effectivement détectées par le checkpoint en phase G2, mais que cette activation du checkpoint peut être contournée par les mécanismes d'entrée en mitose.