Thèse soutenue

Archaea du microbiome intestinal animal : abondance, diversité et adaptation

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Auteur / Autrice : Courtney Thomas
Direction : Simonetta Gribaldo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie
Date : Soutenance le 02/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Pasteur (Paris). Unité Biologie évolutive de la cellule microbienne (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Christa Schleper
Examinateurs / Examinatrices : Christa Schleper, Andreas Brune, Adrienne Kish, Jean-François Brugere
Rapporteurs / Rapporteuses : Christa Schleper, Andreas Brune

Résumé

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Les archées représentent une fraction peu étudiée du microbiote intestinal. Des études menées sur quelques groupes de mammifères et d'insectes (primates, ruminants et termites) ont mis en évidence que les archées intestinales sont en grande partie constituée de méthanogènes affiliées aux Methanobacteriales et aux Methanomassiliicoccales. Cependant, en raison de l'absence d'une étude incluant de nombreux animaux, plusieurs aspects importants restent mal compris : 1) quelle est la diversité globale des archées intestinales ; 2) quels facteurs dictent leur distribution et leur abondance ; et 3) quelles adaptations ont conduit à la colonisation du milieu digestif. Ce travail vise à répondre à ces questions fondamentales. Pour caractériser les communautés d'archées associées à l'intestin, j'ai quantifié et séquencé les gènes de l'ARNr 16S de la communauté microbienne en utilisant des amorces universelles et spécifiques des archées dans près de 400 échantillons fécaux provenant de 269 espèces couvrant six grands groupes d'animaux - Aves, Amphibia, Actinopterygii, Mammalia, Reptilia, et divers invertébrés. Nos données montrent que les archées sont communes dans le microbiote intestinal des animaux. Les Methanobrevibacter, Methanosphaera, Methanomethylophilaceae, Methanimicrococcus et Methanocorpusculum composent la majeure partie de l'archéome intestinal. Ceci indiquant notamment quatre à cinq événements majeurs d'adaptation à l'intestin chez les Archaea. Bien que moins abondantes, les Nitrososphaeraceae oxydant l'ammoniac sont aussi largement distribuées dans nos échantillons et correspondent aux phylotypes d'archées dominants du sol. Leur statut (résident ou en transit) dans le milieu digestif demeure incertain. J'ai déterminé que la phylogénie de l'hôte et le régime alimentaire jouent un rôle majeur dans l'abondance et la structuration des d'archées intestinales chez les mammifères. L'abondance des méthanogènes est fortement corrélée au contenu en fibre du régime alimentaire. Les bactéries dégradant la pectine (produisant du méthanol) cooccurrent avec les méthanogènes dépendants du méthanol et sont liées à la consommation de fruits. Les reptiles et les mammifères hébergent des populations d'archées plus importantes que les autres animaux échantillonnés. Enfin, certaines archées sont dominantes chez des ordres spécifiques d'animaux, ce qui suggère des adaptations spécialisées à ces hôtes. Afin de mieux comprendre l'adaptation des archées à l'intestin, j'ai utilisé des approches de génomique comparative. Dans un premier temps je me suis concentré sur le génome de Methanimicrococcus blatticola PA, affilié à une lignée encore peu connue dans l'intestin (Methanosarcinales). Mes analyses ont révélé que cette espèce présente la plus grande réduction génomique au sein des Methanosarcinales. Les pertes de gènes ont affecté de nombreuses protéines impliquées dans la perception de l'environnement. Cette transition a également entraîné un changement de la principale voie de méthanogenèse et une modification substantielle des protéines de surface. Plusieurs de ces adaptations correspondent à celles précédemment observées chez des archées et des bactéries intestinales phylogénétiquement éloignées, suggérant des mécanismes convergents à grande échelle. Afin de compléter ces approches, j'ai réalisé un séquençage métagénomique en shotgun sur 58 espèces et reconstruit des génomes d'archées à partir de ces métagénomes. L'analyse de ces données devrait révéler d'autres informations clés sur la façon dont les archées se sont adaptées à l'intestin des animaux. Ce travail est l'une des premières études à grande échelle sur la communauté d'archée intestinale d'un large éventail d'animaux. Mes résultats ont permis d'identifier les principales archées intestinales et les dynamiques évolutives associées à leur adaptation à cet environnent, ainsi que les facteurs contrôlant leur abondance et diversité.