Rôle des cellules gliales dans l'infection de la rage
Auteur / Autrice : | Lena Feige |
Direction : | Hervé Bourhy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Infectiologie |
Date : | Soutenance le 03/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Lyssavirus, épidémiologie et neuropathologie (Paris ; 2018-....) |
Structure de recherche : Institut Pasteur. Département de Santé globale (2019-….) | |
Jury : | Président / Présidente : Pierre-Emmanuel Ceccaldi |
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Bourhy, Pierre-Emmanuel Ceccaldi, Christine Goffinet, Karl-Klaus Conzelmann, Carole Escartin, Anastassia V. Komarova, Arpiar Saunders, Jean-Pierre Peron | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Goffinet, Karl-Klaus Conzelmann |
Mots clés
Résumé
La rage, l'une des zoonoses les plus mortelles connues, cause toujours 60 000 décès humains chaque année (Fooks et al., 2014). Dès son entrée dans le système nerveux central (SNC), le virus de la rage (RABV) préserve le réseau neuronal en limitant l'apoptose et l'inflammation (Baloul et Lafon, 2003). L'évasion immunitaire est médiée par les fonctions accessoires des protéines rabique, en particulier la protéine de matrice (protéine M) et la phosphoprotéine (protéine P) qui interfèrent avec la réponse antivirale médiée par la cellule hôte en modulant les voies NF-kB et JAK-STAT (Wiltzer et al., 2012, 2014 ; Lieu et al., 2013 ; Ben Khalifa et al., 2016 ; Besson et al., 2017). À ce jour, nous ne comprenons pas pleinement les facteurs déterminant le tropisme du RABV et pourquoi les cellules gliales sont incapables d'éliminer le virus du cerveau infecté. Le tropisme viral, ou la spécificité d'un virus particulier à infecter un certain type de cellules, est crucial pour déterminer la réplication du virus, la propagation virale et, finalement, la survie de l'hôte. Le tropisme cellulaire repose sur deux déterminants majeurs, l'expression des récepteurs d'entrée qui permettent l'entrée du virus et la réponse immunitaire cellulaire qui permet ou restreint la réplication virale (McFadden et al., 2009). Bien que classiquement qualifiée de strictement neurotrope, une publication récente a souligné la sensibilité des cellules gliales, en particulier des astrocytes et des cellules de Schwann, à l'infection par le RABV in vivo (Potratz, LM Zaeck, et al., 2020 ; Potratz, L. Zaeck, et al., 2020). Le RABV utilise plusieurs récepteurs pour pénétrer dans les cellules via l'endocytose médiée par la clathrine (Etessami et al., 2000 ; Le Blanc et al., 2005 ; Piccinotti, Kirchhausen et Whelan, 2013). Cependant, ces récepteurs largement exprimés ne sont pas essentiels pour l'entrée du RABV en soi (Dietzschold et al., 1985) remettant en cause un tropisme cellulaire marqué. Ainsi, l'objectif global de ce projet de recherche visait à étudier les susceptibilités et les réponses immunitaires innées des neurones et des cellules gliales au cours de l'infection par le RABV in vitro afin de comprendre leurs rôles respectifs et complémentaires au cours de la physiopathologie de la rage. Les réponses inflammatoires et le mécanisme antiviral ont été étudiés à l'aide de deux souches RABV: la souche Tha hautement pathogène pour le chien et la souche Th2P-4M moins virulente. Th2P-4M possède le même bagage fond génétique que Tha, à l'exception de six mutations introduites artificiellement dans les protéines virales P et M qui abolissent l'interférence impliquant les voies NF-kB et JAK-STAT (Sonthonnax et al., 2019). L'étude de la susceptibilité de différents types cellulaires a révélé que les neurones et les astrocytes dérivés des cellules souches neuronales étaient très sensibles à l'infection par Tha-eGFP et Th2P-4M-eGFP, tandis que la microglie dérivée d'iPSC n'était pas sensible à Tha-eGFP ni à Th2P-4M-eGFP in vitro. De plus, j'ai montré que la réponse immunitaire innée des cellules du SNC à l'infection par le RABV in vitro varie fortement selon le type de cellules étudié. Alors que les neurones activent peu de voies de signalisation antivirales pour restreindre l'infection par Tha, les astrocytes et la microglie montrent de fortes réponses immunitaires antivirales contre Tha. Outre le rôle des cellules gliales dans la restriction de la réplication du RABV, nous apportons la preuve que le neurotropisme du RABV ne dépend pas seulement de la structure de la protéine G du RABV (Mebatsion, Konig et Conzelmann, 1996 ; Etessami et al., 2000) ou de l'expression des récepteurs de surface au RABV (Lafon, 2005), mais aussi des fonctions accessoires des protéines virales P et M dans l'évasion immunitaire à médiation virale.