Thèse soutenue

Effets de la fluoxétine, inhibiteur de la recapture de la sérotonine, sur les cellules souches musculaires et la régénération musculaire

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Auteur / Autrice : Mylène Fefeu
Direction : Fabrice Chrétien
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Développement
Date : Soutenance le 29/11/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité neuropathologie expérimentale (Paris ; 2010-2021)
Jury : Président / Présidente : Denis David
Examinateurs / Examinatrices : Denis David, Philippos Mourikis, Francine Côté, Barbara Gayraud
Rapporteur / Rapporteuse : Denis David, Philippos Mourikis

Résumé

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La fluoxétine (FLX), premier inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine développé il y a 50 ans, est le traitement antidépresseur le plus prescrit au monde. Plusieurs mécanismes d'action sous-tendent l'effet antidépresseur de cette classe tels que le renforcement de la neurotransmission de la sérotonine (5-HT) mais également l'augmentation de la neurogenèse hippocampique, de la survie neuronale et de l'angiogenèse cérébrale. En périphérie, la sérotonine, principalement synthétisée par l'intestin et stockée dans les plaquettes, a également montré des effets positifs sur différentes cellules souches et dans plusieurs modèles de régénération tissulaire. Les effets de FLX sur le comportement de cellules souches et la régénération tissulaire au-delà du système nerveux central ont été à ce jour peu étudiés. Nos objectifs étaient, d'une part de caractériser la modulation des niveaux de 5-HT induite par FLX dans le compartiment central, périphérique et circulant, et d'autre part d'investiguer les propriétés régénératives de FLX en périphérie à l'aide du modèle de régénération ad integrum du muscle squelettique. Nous avons d'abord évalué par HPLC différents niveaux de 5-HT au cours du temps chez des souris traitées par FLX ou placebo pendant 28 jours. Dans le cerveau et l'intestin, organes synthétisant la 5-HT, le traitement par FLX entrainait une réduction moyenne initiale de 50% des niveaux intratissulaires de 5-HT suivie d'une restauration de ces niveaux dès 14 jours de traitement. Dans le sang total, le traitement par FLX entrainait, dès le 3ème jour, une déplétion persistante de plus de 90% des niveaux de 5-HT, alors que dans le plasma, il était associé à un pic de plus de 500% des niveaux de 5-HT lors de la première semaine de traitement, suivi également d'une déplétion persistante. Pris ensemble, ces résultats suggèrent que, selon la source de la sérotonine (soit délivrée par les plaquettes, soit issue d'une synthèse locale), le traitement par FLX renforce le signal sérotoninergique à travers des cinétiques distinctes. Dans un second temps, nous avons montré que le traitement prolongé par FLX augmentait le nombre de cellules souches musculaires et l'angiogenèse musculaire chez la souris. FLX améliorait également la régénération du muscle squelettique après une blessure unique et des blessures multiples induites par l'injection intramusculaire de notexine. L'accélération de la régénération musculaire induite par FLX résultait d'une triple action marquée par une augmentation du pool de cellules souches musculaires, une augmentation de la densité des vaisseaux et une réduction des lésions fibrotiques et de l'inflammation. In vitro, nous avons montré que les effets prolifératifs de FLX sur des myoblastes immortalisés étaient dépendants de 5-HT et de l'activation du récepteur 5-HT1B. In vivo, les souris dépourvues de 5-HT périphérique traitées par FLX ne présentaient pas d'effets positifs pendant la régénération musculaire. De plus, l'inactivation pharmacologique et génétique du récepteur 5-HT1B dans les cellules souches musculaires abolissait également l'amélioration induite par FLX sur la régénération musculaire. En conclusion, nos résultats montrent, qu'à travers la modulation du signal 5-HT en périphérie, FLX favorise une régénération musculaire harmonieuse sous-tendue par une action combinée sur la myogenèse, l'angiogenèse et l'inflammation. Ces résultats mettent en lumière l'identité sérotoninergique du muscle squelettique et dégage une stratégie thérapeutique prometteuse pour les maladies musculaires endogènes. Au-delà du muscle et du cerveau, nos résultats soulignent que les effets des antidépresseurs sur la régénération d'organes doivent être étudiés. Enfin, ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives d'investigation tant sur le rôle de la sérotonine et du récepteur 5-HT1B dans d'autres types de cellules souches que sur le potentiel thérapeutique des antidépresseurs en médecine régénérative.