Évaluation d'un nouveau ligament synthétique résorbable bioactif utilisable dans le cadre du traitement des ruptures du ligament croisé antérieur par reconstruction combinée à la préservation des reliquats du ligament natif. Étude dans deux modèles précliniques chez le rat et la brebis.
Auteur / Autrice : | Emeline Maurice |
Direction : | Véronique Viateau, Mathieu Manassero |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biothérapies et biotechnologies |
Date : | Soutenance le 17/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Hématologie, oncogenèse et biothérapies (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Bioingénierie et Biomécanique Ostéo-articulaires (B2OA) (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Gauthier |
Examinateurs / Examinatrices : Véronique Viateau, Mathieu Manassero, Olivier Gauthier, David Mitton, Esther Potier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Olivier Gauthier, David Mitton |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La rupture du ligament croisé antérieur (LCA) est une affection fréquemment rencontrée en chirurgie orthopédique. Les pratiques thérapeutiques actuelles, qui consistent en son remplacement par une autogreffe tendineuse après exérèse complète des reliquats ligamentaires, se heurtent à des résultats occasionnellement décevants en termes de récupération fonctionnelle, imputés à la morbidité liée au prélèvement de l'autogreffe et à la non-préservation des restes du LCA. Les nouvelles pistes de recherche se penchent ainsi sur la préservation des reliquats du ligament croisé, leur suture lorsqu'elle est possible, et l'utilisation d'un échafaudage pour guider la régénération tissulaire et maintenir la stabilité de l'articulation pendant la cicatrisation du ligament. Ce projet propose ainsi de développer et d'évaluer un nouveau ligament synthétique fabriqué en polycaprolactone résorbable, fonctionnalisée par greffage de polyNaSS, utilisable en tant qu'échafaudage lors de ruptures fraîches du LCA. Cette évaluation a été réalisée au travers de deux modèles précliniques définis chez le rat et la brebis. Ainsi, ce travail a porté dans un premier temps sur la mise au point d'un modèle préclinique pertinent de reconstruction ligamentaire avec préservation des reliquats du LCA chez le rat ; ce modèle a permis de documenter les bénéfices apportés par cette technique sur les lésions cartilagineuses, l'inflammation des membranes synoviales, le gonflement articulaire et la microarchitecture des reliquats de LCA des grassets opérés, en comparaison à une absence de reconstruction. L'évaluation du ligament synthétique fonctionnalisé, adapté au format du rat, a été effectuée dans ce modèle dans un deuxième temps. Elle visait à en apporter la preuve du concept sur les plans de sa biocompatibilité, de sa biofonctionnalité et de sa bioactivité, au travers d'études histologiques, tomodensitométriques, d'imagerie à résonance magnétique, et de biologie moléculaire, menées sur les parties intra-articulaire et intra-osseuses du ligament synthétique après 12 semaines d'implantation, en le comparant à l'autogreffe et à son équivalent non greffé. Le ligament synthétique greffé s'est avéré aussi performant que l'autogreffe sur le plan fonctionnel et a conduit à de meilleurs résultats que celle-ci sur l'inflammation des membranes synoviales, l'épaississement des capsules articulaires, ainsi que sur la néoformation osseuse au sein des tunnels osseux fémoraux. Les bénéfices du greffage par rapport à la PCL non greffée se sont révélés, au travers de cette évaluation, sur les lésions cartilagineuses et le gonflement articulaire, et ils ont été suspectés sur le taux de rupture. Le ligament synthétique, fonctionnalisé ou non, adapté au format brebis avec l'architecture de la prothèse ligamentaire LARS TM, a ensuite été implanté dans un modèle de reconstruction avec préservation des reliquats ligamentaires dans cette espèce, au sein duquel il a fait l'objet d'études similaires à celles menées chez le rat. Le ligament en PCL, qu'il soit greffé ou non, a permis d'aboutir à une régénération macroscopique du LCA natif après 12 semaines d'implantation, avec un bénéfice significatif du greffage sur la colonisation de l'échafaudage synthétique et l'architecture des reliquats de LCA, et un bénéfice suspecté sur le taux de rupture et la néoformation osseuse du tunnel tibial en partie proximale. L'impact du greffage sur les propriétés mécaniques de la reconstruction avec le ligament synthétique doit être confirmé par des études biomécaniques à 3 mois (en cours de réalisation) et à 12 mois postopératoires chez la brebis avant d'en envisager l'application en situation clinique.