Thèse soutenue

Naissance par césarienne en cas de prématurité : impact sur le cerveau en développement ?

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Auteur / Autrice : Cécile Morin
Direction : Pierre Gressens
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Développement
Date : Soutenance le 25/10/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Maladies neurodéveloppementales et neurovasculaires (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Alexandra Benachi
Examinateurs / Examinatrices : Alexandra Benachi, Hélène Boudin, François Vialard, Cindy Bokobza
Rapporteur / Rapporteuse : Hélène Boudin, François Vialard

Résumé

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La prématurité (avant 37 semaines d'aménorrhée) représente 1 naissance sur 10 dans le monde. En France, le taux de césarienne s’élève à 30% en cas de prématurité du fait du nombre élevé de présentation du siège, de pathologies maternelles, retard de croissance ou de crainte du «traumatisme» de l’accouchement par les obstétriciens. Plusieurs études de cohortes montrent un risque augmenté de trouble de l'attention et du spectre autistique en cas de naissance par césarienne. Un des processus physiopathologiques des troubles du neuro-développement est le processus de neuro-inflammation par activation microgliale. Dans un contexte inflammatoire, la microglie s’active et participe à la libération de cytokines pro-inflammatoires induisant une toxicité du parenchyme cérébral. Des lésions de la substance blanche et/ou grise s’en suivent et sont responsables de troubles plus ou moins sévères du neuro-développement. Des recherches récentes ont mis en évidence l’impact du microbiote intestinal sur le cerveau en développement et le comportement. Lors d’une naissance par césarienne, on observe un déséquilibre du microbiote intestinal du fait de l’absence de colonisation du tube digestif par les germes de la flore vaginale maternelle. Cette dysbiose perdurerait dans le temps et aurait un impact sur le cerveau en développement et la neuro-inflammation par l’intermédiaire de l’axe intestin-cerveau. Une naissance prématurée étant très souvent associée à un contexte d’inflammation materno-fœtale, le laboratoire a développé un modèle murin mimant les lésions cérébrales retrouvées chez le prématuré humain par injection de cytokine pro-inflammatoire de P1 à P5 (jours post-nataux). A ce stade, le développement du cerveau murin correspond au troisième trimestre de grossesse chez l’homme. Afin d’étudier l’impact de la voie d’accouchement sur la neuro-inflammation, les lésions secondaires associées (myélinisation), et le comportement nous avons développé deux modèles : un modèle chirurgical par césarienne et un modèle pharmacologique de déclenchement de l’accouchement par RU 486. Nous avons ainsi observé des modifications du comportement ainsi que des différences significatives de diversité et de composition du microbiote intestinal dans les groupes césarienne ± IL-1β. Nous avons également observé une augmentation significative de l’activation microgliale intialement provoquée par l’IL-1β chez les souris nées par césarienne avec une diminution de la myélinisation à P22 dans ce même groupe. Enfin, l’analyse du Peptidoglycan, un des acteurs de l’axe intestin-cerveau montrait une diminution significative de ses récepteurs dans le cortex cérébral à P22 en cas de césarienne. Ces résultats montrent l’impact d’une naissance par césarienne en cas de prématurité sur le cerveau en développement et renforcent l’hypothèse d’un rôle primordial de l’axe intestin-cerveau.