Thèse soutenue

Activité endocrine de l'ovaire au cours de la mini-puberté : mécanismes sous-jacents et rôle dans la fonction de reproduction

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Auteur / Autrice : Marie Devillers
Direction : Céline Guigon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Reproduction
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité de biologie fonctionnelle et adaptative (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Jamileh Movassat
Examinateurs / Examinatrices : Céline Guigon, Jamileh Movassat, Stéphane Fabre, Marie-Christine Chaboissier, Virginie Rouiller-Fabre, Vincent Prévot
Rapporteur / Rapporteuse : Stéphane Fabre, Marie-Christine Chaboissier

Résumé

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Chez les mammifères femelle, on observe une activation transitoire de l'axe gonadotrope juste après la naissance nommée « mini-puberté », caractérisée par une élévation importante des niveaux des hormones gonadotropes folliculo-stimulante (FSH) et lutéinisante (LH), ainsi que de l'œstradiol (E2). Les études du laboratoire ont mis en évidence que ces concentrations élevées de FSH et de LH sont indispensables pour induire la production d'E2 dans des petits follicules antraux mais qu'elles sont incapables de stimuler la croissance folliculaire au-delà de ce stade. Cette production prépubère d'E2 pourrait être indispensable à la programmation de la fonction de reproduction en participant notamment à la différenciation de circuits hypothalamiques. Il est donc important de comprendre comment est régulée l'activité endocrine de l'ovaire au moment de la mini-puberté et de déterminer sa vulnérabilité à des perturbateurs endocriniens. De plus, il reste à établir le rôle de l'activité endocrine de l'ovaire au cours de la mini-puberté sur la programmation de la fonction de reproduction. La première partie de ma thèse a consisté à étudier, chez la souris, les mécanismes régulant l'activité de l'ovaire au cours de la mini-puberté. Nous nous sommes ainsi intéressées à la contribution de facteurs et de voies de signalisation identifiés comme régulant la production d'E2 et la folliculogenèse à l'âge adulte : l'hormone anti-Müllérienne (AMH), les androgènes et la voie du récepteur aux hydrocarbures aromatiques (AHR). Nos analyses menées à la fois in vivo et sur des cultures organotypiques d'ovaires ont montré que l'AMH et les androgènes dialoguaient avec la signalisation de la FSH dès cette période. En particulier, nos travaux ont révélé que l'action répressive de l'AMH sur l'expression de l'aromatase dans les follicules les plus matures était limitée par les fortes concentrations minipubères de FSH qui inhibent considérablement la synthèse d'AMH (Devillers et al. 2019). Nous avons également démontré que les androgènes, par leur effet stimulateur sur l'expression du récepteur de la FSH, augmentaient l'expression de l'aromatase et qu'ils pourraient stimuler la croissance des follicules du stade pré-antral au stade antral (Article en préparation). En revanche, la signalisation « intrinsèque » d'AHR ne semble pas jouer un rôle essentiel dans l'ovaire au cours de la mini-puberté, et l'activation de cette voie par l'exposition de souris mini-pubères à la dioxine ne perturbe pas la production d'E2 (Devillers et al. 2020). Ces données montrent la complexité de la régulation de la production d'E2 lors de la mini-puberté ainsi que la protection dont bénéficie ce processus contre certains perturbateurs endocriniens. Dans la seconde partie de ma thèse, j'ai initié des recherches pour définir le rôle de l'activité endocrine de l'ovaire mini-pubère sur différents paramètres clés de la reproduction. Nous avons étudié les conséquences d'une baisse d'activité ovarienne, obtenue par l'administration d'un antagoniste du récepteur de la GnRH, sur l'initiation de la puberté, la cyclicité et la fertilité dans un modèle de souris. Les analyses montrent que le traitement entraîne un léger retard de survenue de la puberté ainsi qu'une altération de la cyclicité. En revanche, il n'affecte pas l'ovulation en réponse à une stimulation ovarienne, ou la fertilité. L'étude approfondie des régions hypothalamiques impliquées dans le contrôle de la reproduction chez la femelle est en cours et permettra de juger si les populations de neurones à GnRH et de kisspeptines sont touchées.