Thèse soutenue

Oncogenèse médiée par HIF2a et évaluation préclinique de nouvelles thérapies dans les phéochromocytomes et paragangliomes SDHB-dépendants

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Auteur / Autrice : Sophie Moog
Direction : Judith Favier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Oncogénèse
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Hématologie, oncogenèse et biothérapies (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : David Taieb
Examinateurs / Examinatrices : David Taieb, Catherine Monnot, Eric Baudin, Gilles Pagès
Rapporteurs / Rapporteuses : David Taieb, Catherine Monnot

Résumé

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Les phéochromocytomes et les paragangliomes (PPGLs) sont des tumeurs neuroendocrines rares se développant aux dépens de la médullosurrénale et du système nerveux sympathique ou parasympathique. Celles-ci peuvent être métastatiques dans environ 15% des cas avec un pronostic réservé et un arsenal thérapeutique actuellement limité. L'un des principaux facteurs de risque métastatique est la présence d'une mutation sur le gène SDHB, codant pour la sous-unité B de la succinate déshydrogénase (SDH), enzyme au carrefour de deux voies métaboliques que sont le cycle de Krebs et le complexe II de la chaine respiratoire mitochondriale. Une mutation inactivatrice de la SDH entraine une accumulation de succinate qui conduit à une stabilisation du facteur de réponse à l'hypoxie HIF2a, et donc à un phénotype pseudo-hypoxique. Une meilleure compréhension de l'oncogenèse de ces tumeurs et l'étude de nouvelles thérapeutiques s'avèrent urgemment nécessaire. Pour analyser la tumorigenèse liée à HIF2a, j'ai inactivé HIF2a dans les cellules chromaffines murines immortalisées Sdhb-/- par une stratégie de knock-down (KD) par shRNA. L'analyse des cellules Sdhb-/- HIF2a KD, m'a permis de démontrer l'importance de HIF2a dans les PPGL SDHB-dépendants puisque son inhibition conduit à une diminution de la prolifération et de la migration des cellules et à la perte de surexpression de gènes impliqués dans la transition neuroendocrino-mésenchymateuse. Cette étude a également permis de démontrer l'existence d'une synergie entre le phénotype pseudo-hypoxique et le phénotype hyperméthylateur -lié à la perte d'activité des enzymes TETs-, dans l'acquisition des caractéristiques particulièrement agressives de cette pathologie. Dans un deuxième temps, l'étude des composants de la matrice extracellulaire des tumeurs et cellules SDHB-dépendantes nous a permis de mettre en évidence un remodelage qualitatif et quantitatif de celle-ci, participant également à l'obtention de ses propriétés agressives. J'ai pu démontrer que ce remodelage n'est que modestement influencé par HIF2a. Ces travaux suggèrent en outre que les prolyl-4-hydroxylases des collagènes seraient bien fonctionnelles malgré l'accumulation de succinate. Enfin, l'analyse d'un modèle préclinique d'allogreffe récapitulant le phénotype des patients présentant une mutation SDHB, combinée à l'utilisation de plusieurs techniques d'imagerie, m'a permis de mettre en évidence in vivo un effet anti-tumoral d'un inhibiteur du complexe I de la chaine respiratoire mitochondriale (IACS) et d'un inhibiteur de PARP (Talazoparib). Au contraire, les deux antagonistes pharmacologiques de HIF2a ne sont pas efficaces, en discordance avec le modèle in vivo de cellules chromaffines Sdhb-/- HIF2a KD dans lequel la répression de HIF2a a des conséquences importantes sur la croissance tumorale. Le Sunitinib, un inhibiteur de tyrosine kinase, s'avère être un inhibiteur efficace de la croissance tumorale dans ce modèle, et la mesure du succinate par spectroscopie IRM (1H-MRS) est un biomarqueur métabolique précoce de la réponse tumorale potentiellement transposable en clinique. L'ensemble de ces travaux permettent de mieux comprendre la tumorigenèse de cette pathologie particulière et ouvrent la voie vers de futures thérapies ciblées qui devraient permettre d'améliorer le pronostic de ces patients.