Etude des mécanismes associés à la polarité rotationnelle des centrioles dans les cellules animales
Auteur / Autrice : | Noémie Gaudin |
Direction : | Juliette Azimzadeh |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et moléculaire |
Date : | Soutenance le 21/09/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Jacques Monod (Paris ; 1997-....) |
Jury : | Président / Présidente : Alexandre Benmerah |
Examinateurs / Examinatrices : Alice Meunier, Christine Vesque | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Paul Guichard, Anne-Marie Tassin |
Mots clés
Résumé
Les centrioles sont des structures cellulaires conservées au cours de l'évolution. Ils sont formés par des triplets de microtubules organisés selon une symétrie en 9. Chez les animaux, les centrioles forment le cœur du centrosome, le principal centre d'organisation des microtubules. Les centrosomes sont des acteurs clés de l'organisation cellulaire, essentiels à des processus fondamentaux tels que la division et la polarité cellulaires. Le plus âgé des centrioles au sein du centrosome permet aussi l'assemblage du cil primaire, un organite sensoriel important pour de nombreuses voies de signalisation. Des dysfonctionnements des cils sont impliqués dans une classe de maladies génétiques appelées ciliopathies. Les centrioles sont présents dans tous les principaux groupes eucaryotes, ce qui indique qu'ils ont une origine évolutive commune. Chez nombre d'organismes unicellulaires, les centrioles présentent une asymétrie rotationnelle due à des structures accessoires associées à des triplets spécifiques. Chez l'algue flagellée Chlamydomonas reinhardtii, la protéine Vfl1p contrôle l'asymétrie rotationnelle des centrioles. Dans cette thèse, nous montrons qu'un orthologue de Vfl1p est aussi nécessaire à la polarisation rotationnelle des centrioles dans les cellules multiciliées de la planaire Schmidtea mediterranea. C'est aussi le cas pour VFL3, l'orthologue d'une autre protéine contrôlant la polarité rotationnelle des centrioles chez C. reinhardtii. Chez la planaire, les centrioles sont arrangés en un réseau présentant une asymétrie chirale. Nous avons identifié VFL1 et VFL3 comme étant des composants des centrioles nécessaires à l'établissement de connexions asymétriques entre les centrioles. En effet, ces protéines affectent l'assemblage des appendices centriolaires responsables de l'ancrage des éléments de cytosquelette qui contrôlent la position des centrioles. Nous montrons également que l'orthologue humain de VFL3 est présent au niveau d'appendices centriolaires nécessaires à l'ancrage des microtubules et est nécessaire à cette fonction. Nous réalisons ensuite l'analyse fonctionnelle de l'orthologue humain de VFL1, aussi appelé LRRCC1. Dans le contexte du centrosome humain, les centrioles ne présentent pas d'asymétrie rotationnelle évidente. Le plus âgé des deux centrioles qui composent le centrosome possèdes des appendices organisés selon une symétrie en neuf comme le centriole lui-même. En utilisant une technique d'imagerie super-résolutive appelée expansion microscopy, nous montrons que l'orthologue humain de VFL1 s'associe préférentiellement à deux triplets consécutifs à l'extrémité distale des centrioles, comme cela avait été observé chez C. reinhardtii. VFL1 co-localise partiellement et affecte le recrutement d'un autre composant distal, C2CD3, dont nous montrons qu'il est également localisé de manière asymétrique dans la lumière du centriole. La localisation de VFL1 et C2CD3 dans les centrioles humains rappelle la forme d'une structure filamenteuse présente au même niveau dans les centrioles des flagellés. De plus, la déplétion de VFL1 dans les cellules humaines induit des défauts dans la structure du centriole, l'assemblage du cil primaire et la signalisation par le cil. Ces résultats indiquent que VFL1 coopère avec C2CD3 pour organiser la région distale des centrioles, et confirment le lien entre VFL1 et les ciliopathies suggéré par l'identification il y a quelques années d'une mutation dans le gène LRRCC1 chez deux patients atteints du syndrome de Joubert. Ainsi, nous mettons en évidence que l'asymétrie rotationnelle des centrioles, une propriété ancienne chez les eucaryotes, est conservée au sein du centrosome humain, et est liée à la fonction du cil primaire. L'ensemble de ces résultats apporte un éclairage nouveau sur les bases moléculaires et les fonctions de la polarité rotationnelle des centrioles dans différents contextes biologiques et au cours de l'évolution.