Dynamique de la lymphopoïèse humaine au cours du développement et du vieillissement : aux origines de l’immunité adaptative
Auteur / Autrice : | Seydou Keita |
Direction : | Bruno Canque |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Hématologie |
Date : | Soutenance le 21/09/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Hématologie, oncogenèse et biothérapies (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Immunologie humaine, physiopathologie & immunothérapie (Paris ; 2009-2024) |
Jury : | Président / Présidente : Vahid Asnafi |
Examinateurs / Examinatrices : Vahid Asnafi, Ana Cumano, Thierry Jaffredo, Rima Haddad, Fabien Guimiot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Ana Cumano, Thierry Jaffredo |
Mots clés
Résumé
La recherche de changements liés à l'ontogénie a longtemps été entravée par le manque de définition immunophénotypique et fonctionnelle unifiée des progéniteurs lymphoïdes humains. L'observation majeur dans le domaine a émergé il y a trois décennies avec l'identification d'une sous-population de CD45RA+CD10+ à restrieinte lymphoïde dans la Moelle adulte (Galy et al., 1995). Des études ultérieures réalisées sur les HPC CD45RA+CD10+ du sang de cordon ombilical ont confirmé leur restriction lymphoïde mais ont soulevé des doutes quant à leur statut de développement/différenciation et leur fonction biologique, depuis, selon les auteurs, cette population était alors qualifiée de progéniteurs « multilymphoïdes » (MLP) (Doulatov et al., 2010) ou de progéniteurs postnatals colonisant le thymus (Lavaert et al., 2020 ; Six et al., 2007). La situation était encore compliquée par le fait qu'en plus, des ETP CD7+ (Haddad et al., 2004 ; Haddad et al., 2006), une autre population de MLP CD38loCD7+ (Hao et al., 2001 ; Hoebeke et al., 2007) a été décrite dans le sang néonatal, ainsi que par l'observation que les sous-populations lymphoïdes CD7+ et CD10+ suivent une cinétique opposée à travers l'ontogénie, ce qui suggère qu'ils pourraient correspondre respectivement aux sous-ensembles foetaux et postnatals. Pour pallier les insuffisances des études sur les progéniteurs lymphoïdes circulants néonatals qui ne permettent pas une délimitation précise des trajectoires développementales sous-jacentes aux relations de lignées, notre groupe a développé une approche originale de modélisation de l'hématopoïèse foetale humaine chez des souris immunodéficientes (Alhaj Hussen et al. et al., 2012). Cela a conduit à découvrir que la lymphopoïèse humaine présente une architecture bipartite provenant de populations distinctes de progéniteurs lymphoïdes précoces (ELP) CD127- ou CD127+, chacun subissant une diversification en aval en précurseurs spécifiés par la lignée CD7+ T-NK/ILC- ou CD7-B. Dans mon travail de recherche doctorale, nous avons tenté de réconcilier le modèle d'organisation lymphoïde à deux familles avec le paradigme CD7 versus CD10 basé sur l'ontogenèse. Sur la base d'une analyse combinée des changements dépendants de l'âge, de l'architecture lymphoïde et du potentiel chez les donneurs entre 13 semaines de développement et de 87 ans, nous démontrons que malgré la préservation de l'architecture bipartite canonique, la transition fœtale à postnatale est associée à un biais majeur dans la lymphopoïèse vers les ELP CD127+ et la production de cellules B, et que ces changements dans les schémas de production de lymphocytes sont associés à un changement immunophénotypique de CD7 à CD10 des progéniteurs lymphoïdes postnatals. Plus important encore, nous apportons la preuve que cette transition est contrôlée au niveau des HSC par une horloge de développement non décrite auparavant. Dans la mesure où ils démontrent que le déclin du potentiel des cellules T est programmé au niveau du développement, nos résultats ont des implications importantes pour comprendre l'établissement et le maintien de l'immunité adaptative chez l'homme.